Wikipédia ferme ses portes à plusieurs éditeurs chinois

La plateforme mondiale Wikipédia a décidé d’empêcher plusieurs rédacteurs de Chine continentale d’écrire et de mettre à jour certaines pages.

Dans un contexte de tensions entre Hong Kong et la Chine continentale, les manifestations réprimées de 2019 et 2020 se sont transformées en une guerre des mots. Sur Wikipédia, les rédacteurs favorables à la démocratie affrontent ceux favorables au régime de Pékin.

Lieu d’affrontements entre Hong Kong et la Chine

Une enquête de BBC Click a révélé des “guerres d’édition” sur Wikipédia. Les rédacteurs s’y affrontent sur des questions relatives à Hong Kong.

Un exemple de ces “guerres d’édition” est un article de la version chinoise de Wikipédia. Celui-ci traite de l’attaque de Yuen Long de 2019. L’incident s’est déroulé au milieu des manifestations de Hong Kong. Une centaine d’hommes en chemise blanche, décrits comme ayant des liens avec le camp pro-Pékin, ont attaqué des personnes dans une station de transport.

La capture d’écran d’une vidéo montrant les hommes en chemise blanche marchant avec la police de Hong Kong a été retirée de la page. Le document apparaissait initialement juste à côté de l’article. Ensuite, au moins 123 modifications ont été apportées au texte en l’espace de deux jours, en août 2020. Par exemple, “conflit” et “attaque terroriste” ont été intervertis pour décrire la situation.

La situation s’est aggravée en septembre dernier lorsque la Fondation Wikimedia a banni sept rédacteurs actifs favorables à Pékin. Elle les accuse d’intimidation envers les rédacteurs ayant une position pro-démocratique. Wikimedia a ensuite retiré les pouvoirs administratifs de douze autres rédacteurs qui remettaient en question sa sanction.

Wikipédia, accusé d’être pro-Pékin

Face à ces sanctions, des voix pro-Pékin accusent Wikipédia de favoriser les articles anti-Pékin. “Vous éliminez les voix pro-Pékin et donc la balance va pencher vers les forces anti-Pékin au sein de Wikipédia”, accuse Enming Yan, un ancien administrateur du site. Banni de la plateforme, il a annoncé qu’il participait activement à la création d’une nouvelle plateforme, “plus représentative du point de vue de Pékin”.

La Chine dispose déjà de Baidu Baike. Ce site web encyclopédique local compte plus de 24,5 millions d’articles, contre 1,2 million pour la version chinoise de Wikipédia. Autre différence avec Wikipédia, Baike est une startup chinoise. Selon les rapports, elle serait donc obligée de censurer son contenu en fonction de la demande du gouvernement chinois

Le fondateur pointe du doigt le gouvernement chinois

De son côté, Jimmy Wales, le fondateur de Wikipédia, affirme que les principes de liberté d’expression et de neutralité de la plateforme s’appliquent à l’échelle mondiale. Selon lui, Wikipédia peut encore être une source viable d’informations de qualité sur le pays, “si les gens y ont un accès correct”. Pour utiliser Wikipédia, les utilisateurs chinois doivent y accéder via un serveur proxy ou un VPN.

“La plus grande chose qui empêche les Chinois d’exprimer leur point de vue est le gouvernement chinois, qui ne leur permet pas de modifier Wikipédia”, affirme Jimmy Wales. “L’idée que nous excluons la Chine est absurde. Nous accueillons à bras ouverts les rédacteurs de la Chine”, conclut-il.

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