Pour sa troisième création, le studio montpelliérain DigixArt revient avec Road 96. Un jeu d’aventure sur fond de road trip, qui a de nombreuses armes en main pour nous séduire. Périlleux choix que la réalisation d’un road-trip vidéoludique. Le genre est tellement spécial, que le moindre faux pas peut conduire le joueur à s’ennuyer et à quitter une bonne fois pour toute le jeu. C’est pourtant ce qu’a tenté de produire le jeune studio DigixArt. Si ce nom ne vous est pas inconnu, c’est parce le studio est déjà à l’origine de deux productions à la qualité variable. Pour leur troisième essai, les français proposent donc Road 96. Dans Road 96, le contexte influence énormément le gameplay. On y incarne plusieurs jeunes, désireux de quitter Petria, une nation dirigée par un tyran autoritaire du nom de Tyrak. Le pays est ultra surveillé, et toutes les frontières sont surveillées par des soldats surarmés. Les jeunes veulent donc fuir cette tyrannie, mais doivent parfois parcourir plusieurs milliers de kilomètres. Qu’à cela ne tienne, en faisant de l’auto-stop, en appelant le taxi ou en prenant le bus, les jeunes adolescents comptent bien franchir la frontière. Road 96 retrace l’histoire d’une dizaine de jeunes adolescents qui fuguent pour quitter Petria, un pays en dictature. Ainsi, le joueur est pleinement maître de son aventure. A chaque escale, il aura la possibilité de choisir un nouveau moyen de transport pour progresser. Cela influe évidemment sur les personnes rencontrées, puisque vous ne croiserez pas le même personnage si vous continuez à pied ou en autocar. A chaque moment, nous sommes d’ailleurs surpris par la richesse de ses personnages. Ils sont tous très plaisants, et notre relation avec eux dépend de nos choix et de nos actions. D’ailleurs, durant vos conversations, vous aurez le choix entre des réponses révolutionnaires, abstentionnistes ou progressistes, qui influeront directement sur la fin du jeu et l’issue du scrutin des élections. A quelques moments, Road 96 aura perdu notre attention. Parmi ceux-ci, on se souviendra notamment des passages dans la limousine de la présentatrice Sonya, où l’on a principalement affaire à un monologue de notre interlocutrice. Sinon, le titre reste globalement très rythmé, ce qui était particulièrement difficile à réaliser pour un road-trip. Il se divise en plusieurs séquences très courtes, durant lesquelles les choix et mini-jeux seront nombreux. Ceux-ci sont d’ailleurs très variés. Tantôt, on devra jouer à un Puissance 4, tantôt il faudra faire le caméraman pour cette même Sonya et répondre à ses exigences. Outre cette impression que votre destin est pleinement entre vos mains, Road 96 se vante d’être un road-trip procédural. Ainsi, une partie ne peut être la même que la suivante. Ca, c’est la théorie, puisque les faits sont quelque peu différents. A chaque nouvelle partie, les différentes petites scènes de jeu interviendront dans un ordre différent. Cependant, rien ne change entre chaque partie. On rencontre les mêmes personnages dans les mêmes situations, et les choix proposés restent identiques à la partie d’avant. Seuls les quelques bonus récoltés au fil de la première aventure viennent assaisonner le tout, mais ce n’est pas suffisant pour assurer une rejouabilité importante. Certains passages mettront vos nerfs à rude épreuve, avec des choix cruciaux à faire. La narration est notamment aidée par un excellent doublage. S’il n’est, certes, disponible qu’en anglais sous-titré français, le doublage est de très bonne facture et rend chaque situation plus surprenantes les unes que les autres. Nous avons presque l’impression de vivre chacune des escapades de nos jeunes fugueurs, et surtout lorsque l’on entend que l’un des jeunes que nous avions précédemment incarnés a réussi à s’enfuir ou est mort. La bande-son est également de bonne facture, et retranscrit parfaitement les années 1980 dans lequel le titre prend place. Visuellement, Road 96 est très décevant et pâtit d’une technique aux fraises. C’est toutefois dans sa technique que Road 96 nous déçoit le plus. A aucun moment nous n’avons été charmés par les visuels du titre. Certes, il dispose d’une direction artistique qui lui est propre, très colorée et qui fait irrémédiablement penser aux années 1980. Mais le moteur de jeu utilisé n’est clairement pas à la hauteur, et le résultat final est très décevant. C’est d’autant plus marquant sur Switch, où l’on remarque très rapidement les limites techniques de la machine. Pour 20€, on ne peut que difficilement ne pas recommander Road 96. En près de huit heures de jeu, vous aurez bouclé votre première run et incarné le maximum de jeunes possible. Certes, la rejouabilité n’est pas vraiment au rendez-vous, ce que l’on regrette. Mais clairement, les équipes de DigxArt ne nous volent pas avec Road 96, qui est clairement l’une des bonnes surprises de cet été. Conclusion Difficile de ne pas être charmé par ce road-trip narratif procédural qu’est Road 96. Le titre, qui nous place dans la peau de jeunes adolescents souhaitant franchir la frontière à plus de 2000kms de chez eux, nous impose de faire des choix qui ont un impact non-négligeable sur la suite de l’aventure. On pourra toutefois pester contre l’aspect procédural du titre qui ne l’est pas tant que ça finalement avec des missions qui se répètent, ce qui impacte évidemment la rejouabilité. Malgré quelques problèmes de rythme, la progression dans l’histoire est très plaisante, notamment grâce à des personnages atypiques, brillamment doublés. La bande-son est elle aussi très réussie, et retranscrit parfaitement l’ambiance 80s du jeu. Enfin, s’il est un point sur lequel Road 96 déçoit, c’est du côté de sa technique. Le jeu est vilain et bien en deçà de ce qu’on avait pu apercevoir dans les trailers. A condition de ne pas prêter trop attention aux graphismes, vous passerez toutefois un très bon moment en sa compagnie.