Quelques mois seulement après Tell Me Why, Dontnod nous livre déjà son prochain jeu narratif. Twin Mirror est également le premier jeu “auto-publié” du studio français. Les français de Dontnod ont fait des jeux narratifs leur marque de fabrique. Depuis le succès de Life is Strange, le studio français copie la formule à toutes les sauces. Il y a quelques mois, il nous livrait Tell Me Why, un autre jeu narratif cette fois édité par Microsoft. Avec Twin Mirror, le studio passe à la vitesse supérieure. Il nous livre également sa première production “auto-publiée”. Les personnages principaux du jeu manquent cruellement de charisme. Etonnamment, le studio a choisi de ranger au placard sa formule épisodique pour nous proposer un titre qui se dégustera d’une seule traite. La formule évolue un peu également puisque Twin Mirror a été vendu depuis le début comme un jeu d’enquête narratif. Dans la pratique, s’il y a plus de séquences où on prend directement le contrôle du personnage que dans les autres jeux de Dontnod, la partie enquête reste ultra-minimaliste et le jeu reste très similaire aux autres productions du studio. Comme Life is Strange et Tell Me Why, Twin Mirror a sa petite spécificité qui lui permet de sortir du rang. Le premier jouait la carte des voyages dans le temps, le second sur l’instabilité de la mémoire, Twin Mirror propose lui de s’immerger dans le “palace de l’esprit”, un lieu dans lequel le personnage principal Sam Higgs se retire pour se remémorer des événements du passé ou cogiter. Des passages visuellement très maîtrisés qui n’apportent toutefois guère de profondeur à un récit qui en manque cruellement. “Le palace de l’esprit” est la feature qui tire en avant cette production. Sur le papier, le jeu avait pourtant tout pour séduire. Le studio français nous avait vendu sa dernière production comme un jeu d’enquête profond avec des personnages plus matures que dans ses précédentes productions et un scénario plus riche. Si les personnages croisés dans Twin Mirror sont en effet plus matures, ils ne sont pas forcément plus attachants que ceux des autres productions du studio… Le héros de Twin Mirror, Sam Higgs, est même l’un des personnages les plus antipathiques que nous ayons croisé dans un récit, toujours prompt à faire passer ses propres intérêts avant ceux des autres. Et le reste du casting ne relève malheureusement guère le niveau, à l’image de sa compagne qui décline nerveusement sa demande en mariage en tout début d’aventure, sur un ton hyper-arrogant. Et c’est d’entrée de jeu le plus gros défaut de cette production, qui peine à accrocher le joueur avec son casting très pauvre. On notera au passage qu’au niveau des choix narratifs, le joueur est la plupart du temps limité à deux options, deux options qui ne correspondent pas forcément aux réactions naturelles d’un individu… Si chaque choix aura des conséquences sur l’intrigue principale, les choix sont souvent très valisés et pas forcément très naturels. L’intrigue du jeu est portée par le personnage central, qui revient dans la petite bourgade qui l’a vu naître en Virginie de l’Ouest, une ville minière désertée par sa population depuis la fermeture de la principale usine de la ville. Sam se retrouvera directement connecté au meurtre de son meilleur ami, Nick, et tentera alors d’éclaircir ce qui a bien pu se passer… Le scénario souffre globalement d’une écriture assez paresseuse et de dialogues très pauvres. Techniquement, le jeu est plutôt joli. Twin Mirror est sans l’ombre d’un doute la production du studio Dontnod la moins intéressante à ce jour. C’est tout juste si le projet est sauvé du naufrage par sa réalisation soignée et son concept du “palais de l’esprit” très séduisant, qui est surtout révélateur de l’état d’esprit du personnage principal. Pour les développeurs, cet univers alternatif est également l’occasion de nous délivrer quelques séquences “surnaturelles” qui viendront rythmer un récit globalement très mollasson. S’il donne un peu plus de liberté au joueur que les autres productions du studio, Twin Mirror reste un jeu essentiellement narratif où les séquences de gameplay non-scriptées se résument la plupart du temps à une lente marche dans des espaces clos et quelques interactions avec les décors / PNJ. Rien de très excitant à l’horizon. Les séquences d’enquête sont également ultra-minimalistes. On est très loin d’un Sherlock Holmes des temps modernes. Piètre jeu d’enquête, Twin Mirror se rapproche finalement davantage d’un thriller interactif de par son orientation très narrative. Le jeu de Dontnod manque le coche niveau casting, mais aussi de son intrigue, qui nous est entièrement présentée à travers les yeux de Sam. Et c’est finalement là le principal défaut de ce jeu : toute l’histoire du jeu nous est présentée du point de vue d’un seul personnage, auquel on a non seulement beaucoup de mal à s’attacher mais qui en plus semble faire systématiquement les plus mauvais choix quelle que soit l’option que le joueur coche… Avec un casting différent, des dialogues plus travaillés et une intrigue plus intéressante, le résultat aurait sans doute été très différent. Si les visages sont plutôt bien modélisés, les expressions faciales sont minimalistes. Côté réalisation, le jeu sème le chaud et le froid. Twin Mirror est dans l’ensemble plutôt joli, quelques panoramas sont très réussis et la bande son supporte efficacement l’intrigue. C’est au niveau des détails que le bas blesse, avec des expressions faciales minimalistes, des bugs graphiques à la pelle et un positionnement de la caméra extrêmement douteux lors des séquences de gameplay, offrant un très mauvais aperçu de l’environnement en plus de fortement handicaper le joueur dans ses déplacements… Difficile de ne pas être déçu par le résultat final. En ce qui concerne la durée de vie du jeu, ne comptez pas plus de 4 à 5h de jeu pour en voir le bout, en ligne droite. Ce qui reste assez léger, même pour un jeu vendu 29,99€. Conclusion Avec Twin Mirror, Dontnod nous livre ce qui est sans l’ombre d’un doute son moins bon jeu. Le studio français a bien tenté de changer la formule habituelle de ses jeux en introduisant un casting plus mature, de nouveaux mécanismes de jeu et davantage de séquences “non-scriptées”. Twin Mirror reste toutefois un jeu essentiellement narratif, dans lequel les choix du joueur influenceront directement l’intrigue. Une intrigue qui n’est cette fois guère passionnante à suivre et souffre surtout de choix douteux en terme de casting… Difficile de s’attacher aux rôles principaux de Twin Mirror. Les séquences non-scriptées durant lesquelles le joueur pourra contrôler Sam n’apportent également pas grand chose de plus à la formule, si ce n’est beaucoup de frustration compte tenu des contrôles laborieux du personnage. Le jeu est sauvé du naufrage par sa notion du “palais de l’esprit” qui permet au studio de nous proposer des séquences de jeu plus originales que dans ses autres productions, et par sa réalisation graphique dans l’ensemble plutôt soignée. S’il n’est pas totalement déplaisant à parcourir, Twin Mirror est malheureusement loin d’être le grand divertissement que l’on attendait…