Développé par Metronomik, studio fondé par Wan Hazmer (Final Fantasy XV) et Daim Dziauddin (Street Fighter V) ,No Straight Roads nous propose une aventure rythmée par la musique, au sens propre comme au sens figuré. Un concept séduisant qui démarque le titre des autres jeux d’action-aventure. Dès les premières minutes de jeu, No Straight Roads marque les esprits par son cadre et son univers si particulier. Le jeu propose en effet un univers atypique, très coloré à la direction artistique très particulière. Le ton y est à la fois léger et engagé puisque le titre nous propose de nous faire incarner Zuke et Mayday, les membres d’un groupe de rock engagé contre l’empire No Straight Roads qui utilise la musique électro pour dominer et exploiter Vinyl City. Certains panoramas sont splendides. Le scénario est loin d’être renversant. Il s’agit une fois de plus de la lutte de petites gens contre les grands dirigeants qui complotent en secret. Les quelques rebondissements de l’histoire sont prévisibles et manquent cruellement d’intérêt. C’est lisse tout en étant déséquilibré. Le personnage de Mayday – légèrement hystérique – prend en effet le pas sur celui de Zuke, en retrait. Les autres personnages sont caricaturaux et tout aussi dénués de substance. La mise en scène est quant à elle très dynamique, mais rate tout de même le coche. C’est trop, tout le temps. On appréciera tout de même que le jeu soit entièrement doublé en français. Celui-ci profite d’ailleurs d’un casting de doubleurs 5 étoiles avec des comédiens de doublage tels que Céline Monsarrat, voix française de Julia Roberts, Kelly Marot (Jennifer Lawrence, Sophie Turner, Mama dans Death Stranding) ou encore Donald Reignoux (Titeuf, Peter Parker dans The Amazing Spiderman, Sora dans Kingdom Hearts). Malheureusement, la mise en scène ne permet pas d’apprécier leur talent. C’est souvent surjoué par rapport aux personnages et à d’autres moments ce sont les personnages qui en font de trop. Par ailleurs, la synchronisation entre le son et l’image est catastrophique. Un personnage termine sa phrase alors que c’est un autre qui est à l’écran et qui a déjà commencé à parler. Parfois, le son se coupe près de deux secondes avant que l’action ne se passe, laissant un vide gênant… La mise en scène pose véritablement problème. Les personnages surjouent ou alors ce sont les doubleurs. C’est trop et pas en accord. Malheureusement, le jeu ne se rattrape qu’à moitié grâce à son gameplay. No Straight Roads place la musique au cœur de l’expérience. Durant les phases de « combat », le joueur doit éviter les coups ou attaquer en rythme. Dans les faits, il peut parfaitement se passer du son pour progresser puisqu’il peut tout à fait possible de se fier aux animations des ennemis. Ces derniers sont relativement faciles à vaincre, d’autant plus que nos héros disposent d’une barre de vie assez conséquente, la longueur des niveaux pour se rendre jusqu’au boss est plus mortelle. D’autant plus que les différents niveaux sont particulièrement vicieux. La difficulté n’est pas vraiment les monstres, mais les plateformes sur lesquelles il faudra sauter avant qu’elles ne disparaissent. Les fenêtres de sauts sont ridiculement courtes et les sauts sont lourds. De manière générale, les animations des personnages manquent de finesse. À d’autres moments, les ennemis et attaques venues d’on ne sait où sont tellement nombreux et imprévisibles qu’on se fait massacrer sans aucune possibilité de se défendre. C’est déloyal et particulièrement frustrant. À quoi bon ? On notera tout de même la diversité des niveaux puisque chaque boss dispose de son propre univers musical et de son propre environnement. On est rarement déçu à ce niveau-là. Chaque boss dispose également de ses propres attaques ou plateformes meurtrières. Ici, il y aura un réel intérêt à suivre le rythme des musiques, contrairement aux combats contre les ennemis de base, même si la mesure qu’ils suivent ne coule pas toujours de source. Chaque boss a son propre univers avec ses propres attaques et obstacles. No Straight Roads intègre quelques aspects RPG, on peut ainsi améliorer notre duo, débloquer des compétences ou encore leur donner des bonus temporaires. Rien de bien grisant, d’autant plus que les coups spéciaux de l’un comme de l’autre ne sont pas particulièrement efficaces. On notera tout de même que le jeu offre la possibilité de jouer en coop ou de switcher rapidement entre les deux musiciens, en solo. L’expérience a certainement plus d’intérêt à deux. Pour ce qui est de l’exploration, elle ne sert véritablement que de prétexte. On peut discuter avec quelques badauds, récolter des sortes d’énergie afin de réparer l’électricité des quartiers et ainsi gagner des fans. Au bout d’un moment, le joueur pourra débloquer de nouvelles compétentes telles que le double saut et atteindre d’autres plateformes ou encore ouvrir des portes dissimulées. Rien de bien passionnant, mais cela rajoute tout de même un peu d’intérêt à l’exploration de la ville. On a tout de même l’impression que l’aventure se résume à enchaîner les niveaux de boss, puis à se rendre au QG pour améliorer ses personnages et changer la décoration avec les trophées récupérés. Le jeu jouit d’une direction artistique qui lui est propre, très colorée, cartoonesque et diversifiée. Le vrai plus du jeu reste son énergie et l’ambiance musicale y est pour beaucoup, de même que l’engagement des personnages. Ce qui est étonnant, c’est que les deux héros vendent les mérites du rock plutôt que de l’électro. Or, la plupart du temps, l’exploration sera encadrée par une musique aux sonorités des plus électro. Globalement, la bande-son est sympathique et tient une place importante dans l’histoire, de même que dans l’expérience de jeu, mais on a tout de même l’impression que ce n’est qu’un prétexte. Le côté cartoonesque du jeu est aussi très sympathique. No Straight Roads dispose en effet d’une direction artistique qui lui est propre et globalement, c’est sympa, très coloré et un peu fou. En revanche, les décors sont assez pauvres, de même que les interactions avec. On regrette également de ne pas avoir une caméra plus flexible. Elle est limitée à 180° dans certaines phases du jeu, alors qu’à d’autres moments elle est totalement maniable. On ne comprend pas très bien pourquoi. Le jeu compte en revanche un nombre impressionnant de bugs en tous genres. En plus des soucis de synchronisation, on a en effet observé plusieurs « sauts » d’animation. Les séquences ne se déroulent pas correctement. Le studio assure que des patchs seront bientôt déployés pour compenser le problème. D’autant plus que le développement du jeu a pris du retard « en raison du coronavirus », il devait initialement sortir le 30 juin. Autre écueil : le jeu n’est pas bien long. Comptez moins de 5 heures pour le finir et un peu plus pour parfaire ses statistiques. Ce qui reste très léger au vu du tarif (39,99€) Conclusion No Straight Roads avait toutes les cartes en mains pour être un bon jeu. En plus d’un concept intéressant où la musique est centrale, le titre a profité de l’expérience de grands noms des jeux vidéo, notamment Wan Hazmer, game designer de Final Fantasy XV, et Daim Dziauddin, concept artist sur Street Fighter V. Malheureusement, la colle ne prend pas. Le scénario est vide, la mise en scène tout autant et son casting de doubleurs 5 étoiles se casse la figure en raison des problèmes de synchronisation atroce. Quant à son gameplay basé sur la musique, il n’est finalement qu’un prétexte à nous faire écouter une très jolie bande son. Le joueur pourra parfaitement venir à bout de ses ennemis sans prendre en compte le rythme. Les combats de boss respectent mieux le principe et se révèlent globalement beaucoup plus engageants. Avec son univers atypique aux décors cartoonesques et sa bande son séduisante, NSR parvient à développer sa propre identité. C’est toutefois au niveau de la finition que cela bloque, avec un gameplay mal fignolé, une durée de vie très courte et beaucoup de bugs. Les développeurs promettent un patch qui corrigera la plupart des défauts. Reste qu’à 39,99€, l’addition reste salée pour un jeu qui a certes du charme mais qui ne parvient pas vraiment à aller au bout de ses idées…