Avis aux fans de la famille Shelby, FuturLab s’est donné pour mission d’adapter l’univers de la série britannique en jeu vidéo. Une adaptation placée évidemment sous le signe de guerre de pouvoir, de sabotage et de complots, mais Peaky Blinders Mastermind est-il vraiment à la hauteur de la série ? Si le titre du studio FuturLab reprend l’univers de la série, les développeurs ont pris leur distance avec l’œuvre originale. Que les fans se rassurent, il n’est pas question de chambouler l’histoire de la famille Shelby, mais bien de mettre en scène une intrigue propre qui n’est pas tirée de la série. On se retrouve ainsi à la tête des Peaky Blinders et plus particulièrement de Thomas « Tommy » Shelby. Ce dernier a dû s’absenter quelque temps avec son frère aîné, Arthur, laissant leur territoire de Birmingham sous la direction de leur tante Polly. Si elle s’est bien débrouillée durant leur absence, la réputation des Peaky Blinders en a pâti. Thomas Shelby va donc devoir montrer qui est le patron et remettre de l’ordre dans sa ville et cela ne sera évidemment pas du goût de tout le monde. Rivalité, tensions et infiltration sont au programme de Peaky Blinders Mastermind. Bien qu’il n’adapte pas l’une des intrigues de la série, le jeu parvient malgré tout à développer une histoire qui en est digne. On regrette cependant que l’introduction dans l’univers du jeu se fasse de manière aussi tranchée. Quelques échanges entre plusieurs personnages et nous voilà jeter dans notre première mission sans réelle recontextualisation. Les fans pourraient être quelque peu perdus au début, même s’ils retrouveront la plupart des personnages de la série sous les traits de leur acteur respectif, mais on y reviendra. Pour les nouveaux venus, cette entrée en matière plutôt brutale est trop légère. On aurait préféré un développement scénaristique plus poussée et plus approfondie. Difficile de ne pas avoir l’impression que les dialogues sont juste là pour encadrer les missions. Les principaux personnages de la série sont de la partie dans Peaky Blinder Mastermind. Peaky Blinders : Mastermind prend la forme d’un jeu d’aventure et de puzzles divisé en niveaux. Chaque niveau a droit à sa séquence cinématique sous forme de BD où les personnages posent le cadre de la nouvelle mission, comme nous l’avons dit. Un contexte, un objectif et nous voilà lancés dans l’arène où plus particulièrement dans les rues de Birmingham. Cela se répète telle une boucle durant 10 chapitres. Les niveaux sont évidemment parsemés d’embûches que ça soit d’ennemis ou d’obstacles physiques qu’il faudra réussir à contourner sans se faire repérer ou à débloquer pour progresser. Pour y parvenir, le joueur devra jongler entre plusieurs membres du gang des Peaky Blinders. Ainsi, avec Ada, il pourra distraire les gardes et membres des gangs rivaux le temps que Tommy Shelby traverse, avec le jeune Finn, il pourra passer sous une barrière pour ouvrir la porte au reste du groupe, etc. Un fonctionnement qui rappelle quelque peu celui de la franchise des Desperados. Cette manière de progresser est intéressante et colle parfaitement à l’univers des Peaky Blinders, mais au final, cela reste tout de même un peu léger. Fort heureusement, les développeurs de FuturLab ont ajouté une sphère en plus : la chronologie. Le joueur devra ruser pour éviter d’être repéré par les gardes des gangs rivaux. Pour passer certains obstacles, le joueur devra en effet jongler entre plusieurs chronologies et faire en sorte que tout s’enchaîne sans accroc. Ainsi, pour atteindre une porte à l’autre bout de la rue, le joueur devra faire en sorte que l’un des personnages débloque telle autre porte, pendant qu’un autre distrait les gardes et que Tommy passe. Il pourra d’ailleurs soudoyer des PNJ pour réaliser des actions et ainsi baisser un levier inaccessible pour Tommy et ses compagnons. Peaky Blinders Mastermind demande à ce que les chronologies de chaque personne soient prises en compte et exige de faire plusieurs retours en arrière avec chacun d’entre eux pour que tout s’emboîte bien. Ce système de gestion du temps permet d’ailleurs de rebrousser chemin en cas d’échec au lieu d’un simple game over, mais aussi d’accélérer le temps ou de passer d’un événement marquant à un autre. Le concept est intéressant et fonctionne bien une fois qu’on a compris le truc – ce qui peut demander un certain temps tant quelques actions sont bancales. On tente plusieurs solutions avant de trouver la bonne et il arrive parfois que cela se joue à la seconde. Un chrono s’enclenche en effet dès le lancement d’un niveau et permet de décrocher une médaille suivant le temps écoulé pour le terminer. Au fur et à mesure, les énigmes et solutions gagnent en difficulté, on n’a donc pas l’impression de tout le temps faire la même chose, on se creuse la tête pour optimiser les déplacements de tous les personnages, même si parfois, devoir refaire le même chemin avec tous manque totalement d’intérêt. Les chronologies des personnages sont indépendantes, mais il faudra que les actions de chaque personnage s’emboîtent avec celles des autres. Pour cette adaptation, les développeurs de FuturLab sont parvenus à retranscrire le cadre de l’Angleterre durant les années 20, mais aussi l’ambiance tendue entre les gangs rivaux. Lors des séquences de dialogues – uniquement sous-titrés -, on a affaire à des panneaux de type BD plutôt bien réalisés, à la fois sombres et stylisés. Durant les phases de gameplay, il y a davantage d’animations, les badauds vivent leur vie. Les décors manquent toutefois de détails. On est loin d’un triple A. Techniquement, Peaky Blinders ressemble même davantage à un titre de la précédente génération que de celle-ci… mais la patte artistique parvient toutefois à lui donner une petite identité. Et si les personnages sont totalement muets, Peaky Blinders Mastermind propose tout de même une musique d’ambiance des plus soignées qui colle à l’ambiance du jeu, notamment durant les phases de tensions. Pour ce qui est du fan-service, on est face à quelque chose de plutôt léger. Si les personnages reprennent les traits des acteurs de la série, on regrette qu’ils ne prêtent pas leur voix – même si cela aura très certainement englouti le budget du studio. Malheureusement, le fait que les personnages soient muets donne un peu l’impression de jouer à un jeu quelconque. En prenant place avant les événements de la saison 1, le jeu se libère de toute obligation de coller à l’histoire de la série et peut développer ses propres intrigues. Malheureusement, la profondeur des personnages n’est pas retranscrite – les séquences de dialogues sont plutôt courtes – ce qui pourrait décevoir les fans et ne pas séduire les novices. Pour les autres, même si le concept de gestion des chronologies est intéressant, on reste devant un jeu de réflexion-stratégie plutôt basique, très loin d’un Desperados donc. Avec seulement 10 chapitres qui se bouclent en moins de 4 heures et des intrigues relativement simples, Peaky Blinders Mastermind a même du mal à justifier son (petit) prix de 25€. Autrement dit, mieux vaudra ne vous précipiter dessus qu’une fois en promo, à tout petit prix. Conclusion FuturLab a opté pour une adaptation en jeu d’aventure et de puzzles pour la très populaire série britannique Peaky Blinders. Une adaptation qui, contrairement à ce que l’on aurait pu croire, ne joue pas la carte du fan-service. En dehors de l’univers et des personnages que l’on retrouve sous les traits des acteurs de la série, le jeu prend quelques libertés, notamment au niveau du scénario puisqu’il se passe avant la première saison de la série. Le scénario est d’ailleurs plutôt un prétexte ici pour les missions d’infiltration et de sabotage. Il ne rend pas honneur à la profondeur des intrigues et des personnages de la série. Quant aux missions en tant que telles, les puzzles fonctionnent plutôt bien. La difficulté grandissante au fil des niveaux est appréciable, de même que le concept de chronologie différente pour les personnages. Le joueur devra prendre en compte les différentes chronologies pour arriver à bout des niveaux et pour que tout s’emboîte bien. Un concept intéressant qui apporte une vraie plus-value au jeu. Le concept reste toutefois très simple et le jeu très court. Avec seulement 10 chapitres, une durée de vie de 4 heures et des personnages muets, difficile de justifier les 25 euros demandés.