Ambitieux, le nouveau projet de Blowfish Studios marche sur les traces des Hunter et autres Marvel Ultimate Alliance. Le petit studio indépendant Blowfish nous livre en ce début d’année 2020 sa dernière création, un beat them all old-school qui nous propose de partir à la chasse aux démons en compagnie de Monty, un chien de l’enfer. Graphiquement, le résultat est relativement décevant. Avec un scénario signé par un vétéran de Marvel et un comic-book comme background, on pouvait attendre de ce Obey Me une bonne surprise, au moins au niveau de la narration. Et s’il est vrai que quelques jolis efforts ont été consentis, notamment au niveau des doublages en anglais, d’excellente qualité, on est malheureusement loin d’un jeu au scénario en béton armé. Dans la peau d’une chasseuse d’âmes, le joueur devra partir à la chasse aux démons. Plat, le scénario du jeu n’est qu’un prétexte pour nous plonger dans des environnements très sombres. Les dialogues sont souvent très creux et maladroitement mis en scène à travers des cinématiques utilisant des artworks que l’on aura très vite tendance à zapper. Pad en main, le résultat est un peu plus convaincant. Vanessa se contrôle assez facilement et se révèle même très agile puisqu’elle est capable de réaliser des dashs pour progresser plus vite ou éviter des pièges dans les niveaux. Si le jeu est assez linéaire, la progression n’en reste pas moins bien pensée avec une succession d’affrontements et de pièges qui mènent le joueur jusqu’à un combat de boss qui clôturera efficacement chacun des 12 niveaux du jeu. A l’exception du premier affrontement, les combats de boss sont plutôt convaincants. Tous les éléments d’un bon beat them all sont là avec des séries de combos, des attaques légères et puissantes, des dashs, un compagnon canin qui pourra être incarné par un second joueur et venir prêter main forte durant les combats, des capacités à débloquer en récoltant les âmes des défunts et de nouvelles armes à acquérir. Pour autant, même si le jeu n’est pas désagréable à parcourir, on peste très souvent contre le manque de lisibilité à l’écran, la latence occasionnelle entre les commandes et les actions et le level-design particulièrement paresseux du jeu. De façon générale, Obey Me a la fâcheuse tendance à nous tenir par la main du début à la fin du niveau. Ultra-linéaires, les niveaux du jeu ne donnent que peu d’espace à l’exploration. Il y aura certes quelques collectibles à récupérer, mais ceux-ci sont généralement très simples à localiser. Le jeu de Blowfish Studios tend également à être un peu trop facile, un peu trop brouillon et pas suffisamment profond. Inutile d’être trop technique, foncer dans le tas est souvent la solution la plus efficace. A bien des égards, le jeu de Blowfish nous a rappelé le sympathique Hunter the Reckoning d’High Voltage dans sa prise en mains. Comme lui, le jeu est bourré de très bonnes idées mais souffre également de quelques grossiers défauts. Le level-design du jeu est souvent très paresseux. Par exemple, les très étranges choix du studio en matière de conception du level-design, avec des mines qui explosent au moindre contact, des espèces de champignons qui vous feront rebondir dans toutes les directions et des tentacules qui vous agrippent. Mixés les trois éléments dans un espace confiné, et vous vous rendrez très vite compte que vous venez de créer un gigantesque flipper duquel le joueur ne ressortira que frustré. Car dès qu’il fait un pas de côté, le joueur subit une succession de rebonds auxquels il ne pourra se soustraire qu’après avoir perdu une part substantielle de sa vie. Paradoxalement, ce ne sont pas les démons ni les boss qui font le plus mal dans Obey Me mais le level-design du jeu. Autre vilain défaut : si vous choisissez de parcourir le jeu à deux en coop’, votre pauvre compagnon aura souvent l’impression de ne pas servir à grand chose. Beaucoup moins puissant que vous, il lui faudra parfois jusqu’à 6x plus longtemps pour venir à bout d’un adversaire. Il compense ce manque de force par son immortalité certes. Reste que dans la pratique, incarner Monty n’est pas ce qu’on pourrait appeler une expérience inoubliable. Quelques secrets se cachent dans chaque niveau. Sur le plan technique, le jeu n’est pas non plus fantastique. Si sa patte graphique très “comics” lui donne une identité qui lui est propre, les modélisations des personnages restent souvent très grossières et quelques petits ralentissements pourront même se faire sentir en cours de partie. Ajoutez à cela une durée de vie finalement assez courte (entre 3 et 6h en ligne droite) et vous comprendrez qu’il est difficile de justifier le tarif de 18€ du jeu. A condition de ne pas être trop exigeant, le titre se révèle efficace et même agréable à parcourir. Mieux vaudra toutefois attendre patiemment des soldes pour mettre la main dessus. Conclusion S’il n’est pas désagréable à parcourir, le nouveau beat them all de Blowfish Studios est malheureusement loin d’être une totale réussite. Malgré quelques bonnes idées (la coop locale, les compétences à débloquer avec l’XP, l’importance du dash), Obey Me peine à convaincre, la faute à un level-design très paresseux et un gameplay qui est quelque peu gâché par quelques idées très mal exploitées, à l’image de la coop’ qui place le second joueur dans la peau d’un personnage qui est clairement désavantagé dans la progression, ou des pièges très frustrants desquels le joueur aura beaucoup de mal à s’extirper. Au final, on se retrouve ici face à un beat them all très conventionnel. Dommage, car l’univers du jeu avait du potentiel. Avec son prix de vente de 18€ et sa durée de vie assez courte, Obey Me tiendra difficillement la comparaison face aux nombreux très bons beat them all disponibles aujourd’hui sur les différents supports. A condition de ne pas en attendre trop, il ne s’agit toutefois pas d’une si mauvaise expérience…