Après un premier volet plutôt séduisant, le studio de développement français Kylotonn revient déjà à la charge avec un second volet pour sa série de jeux de courses de motos, sobrement baptisé Isle of Man 2. Comme son nom l’indique, Isle of Man est un jeu de course de motos assez particulier puisqu’il ne suit pas une compétition mondiale mais se concentre sur un événement principal : le tracé de l’Ile du Man. Bien connu des amateurs de deux roues, ce tracé légendaire est l’occasion pour les pilotes les plus expérimentés de montrer leurs aptitudes sur l’une des courses les plus techniques au monde. Pas de panique toutefois, il n’y a pas qu’un seul tracé dans le jeu puisque Isle of Man 2 propose également de prendre part à d’autres compétitions avec des tracés se situant notamment en Irlande et au Pays de Galles. Les décors du jeu exercent un certain charme… Si le premier volet était parvenu à séduire les joueurs avec son gameplay exigeant, nombreux étaient ceux à critiquer le manque de contenu et les visuels du jeu. Le studio de développement l’a bien compris et a entièrement retravaillé le mode carrière tout en offrant un joli lifting au jeu. Pas de grosse surprise à l’horizon toutefois puisque le nouveau mode carrière d’Isle of Man 2 est entièrement calqué sur celui de WRC 8, une autre production du studio français. L’immersion est minimaliste. Pas de scénario ni de cinématiques. Il faudra se contenter d’une interface très sobre remplie de tableaux, dans lesquels le joueur devra sélectionner son équipe, ses objectifs de saison, les événements auxquels il souhaite participer dans l’agenda, et puis aussi les perks – des sorties d’avantages que le joueur pourra activer pour les courses suivantes, selon son ressenti – en se donnant par exemple un léger avantage sur ses concurrents en début de partie ou en réduisant l’impact économique sur les gains en cas d’un second départ… Graphiquement, ce second volet est au-dessus du précédent, mais le résultat reste très moyen. Le système de progression dans le mode carrière est plutôt bien fichu dans la mesure où le jeu pousse le joueur à explorer son contenu sur plusieurs saisons. Il y a donc largement de quoi faire même si, encore une fois, il ne faut pas s’attendre à un world tour. Le contenu du jeu reste principalement axé sur la compétition de l’Ile de Man et pratiquement tous les tracés se ressemblent ; vous y traverserez des petits villages perdus au milieu de nulle part, longerez des lochs et croiserez des milliers de clairières. Ce manque de diversité au niveau des décors finit d’une façon ou d’une autre par lasser le joueur… La bonne nouvelle, c’est que de nouveaux éléments entrent en jeu, avec l’introduction d’un mode free roam qui permet au joueur d’explorer 60 kilomètres de tracés librement. Parfait pour s’entraîner ! On retrouve également un système de personnalisation des bécanes, avec l’achat de pièces détachées pour personnaliser son véhicule, plutôt bien fichu lui aussi. Gros regret en revanche pour la disparition de la catégorie des side-cars, pourtant introduite avec le précédent volet. Il faudra se contenter ici des Superbike, Supersport et des Classiques. Les modélisations des bécanes sont impeccables. Côté graphismes, il y a aussi du mieux – surtout au niveau de la modélisation des bécanes et des coureurs -, mais le résultat reste très moyennement convaincant. Certains rendus sont totalement ratés, à l’image des lacs par exemple, qui ressemblent davantage à de gigantesques bâches en plastique qu’à des surfaces d’eau. Les effets de lumière à l’inverse sont très jolis. Du côté des décors, les résultats sont plus mitigés, avec davantage de détails que dans le premier volet mais encore une fois des rendus souvent étranges de la végétation. Assez paradoxalement, si le gameplay du premier volet était plutôt réussi, les développeurs ont entièrement revu la prise en main d’Isle of Man. On ressent ici davantage le poids des véhicules, avec un comportement plus réaliste des motos à faible vitesse. Il faudra donc davantage anticiper les mouvements que dans le premier volet. Etant donné qu’il s’agit d’une simulation pure, les néophytes en prendront pour leur grade. Le gameplay est très exigeant. La moindre sortie de route vous fera perdre plusieurs places au classement et il n’existe aucune fonction de rembobinage. Pire, si vous choisissez de recommencer la partie, vos gains seront réduits de 30%. Même un amateur de jeux de course aura besoin d’un gros temps d’apprentissage pour maîtriser la jouabilité du jeu, des plus crispantes. Dans le même ordre d’idée, on regrette le fait que le jeu de Kylotonn propose très souvent des tracés assez longs, avec des courses qui se parcourent très souvent sur des temps de 20 à 30 minutes de jeu. La moindre erreur pouvant être fatidique, il faut faire preuve d’une totale concentration. Très clairement, le jeu n’est donc pas destiné au grand public. Côté sensations, on apprécie l’introduction d’une nouvelle vue “à l’intérieur du casque”, d’un réalisme bluffant. Les sensations de vitesse sont là et l’immersion est totale. On apprécie un peu moins en revanche la physique parfois totalement surréaliste du jeu – notamment lors des sorties de route et des chocs avec les autres pilotes, qui pourront mener à des situations hilarantes, ce qui n’est jamais très bon signe pour une simu. Dans le même ordre d’idée, l’IA n’est pas forcément des plus efficaces. Les chocs sont nombreux et on a souvent l’impression que les autres pilotes suivent un tracé prédéfini sans trop se préoccuper de votre conduite. Les tracés offrent peu de diversité. Parmi les autres défauts à relever : des temps de chargement souvent beaucoup trop longs (et nombreux), des menus pas très sexy et au final, malgré les nombreuses retouches, une curieuse sensation qu’il manque encore des nouveautés à ce jeu pour s’imposer. Car si cet Isle of Man 2 fait mieux que son ainé, l’effet de surprise n’est plus du tout là. On a trop souvent l’impression de rejouer au même jeu, légèrement enrichi en contenu. Les puristes devraient toutefois en avoir largement pour leur argent avec cette cuvée 2020. Conclusion Plus riche en contenu que son ainé, TT Isle of Man 2 s’impose comme un jeu de courses de motos exigeant qui s’adresse essentiellement aux puristes. Le mode Carrière a été entièrement repensé et offre désormais une expérience de jeu largement enrichie. Côté contenu, on retrouve également un nouveau mode de jeu libre et une vue plus immersive, très réussie elle aussi. Les français de Kylotonn ont amélioré presque tous les aspects de leur jeu mais le résultat reste mitigé. Tout d’abord parce qu’en dépit des améliorations apportées au jeu, on a trop souvent l’impression de rejouer au même jeu. Ensuite, parce que certains défauts du jeu sont toujours là – de l’IA catastrophique des autres pilotes aux temps de chargement longuets, en passant par la physique parfois surréaliste du jeu. Enfin, parce que TT Isle of Man 2 ne rend pas plus accessible l’expérience de jeu, qui semble le réserver uniquement aux puristes. Un mode de jeu facile, intégrant un système de rembobinage de l’action ou se montrant plus permissif au niveau de la conduite aurait très clairement été un plus pour les débutants. En l’état, difficile de le recommander à un autre public que les fans purs et durs du deux roues.