Premier jeu du studio roumain Breadcrumbs Interactive, Yaga nous emmène à la découverte du folklore slave. Perdu dans l’essaim de jeux sortis en novembre 2019, Yaga est presque passé complètement inaperçu au milieu des gros blockbusters du mois. Il faut dire que le titre n’a été introduit que quelques semaines seulement avant sa sortie. Son trailer avait toutefois suffi à attirer la curiosité des amateurs de jeux indés. Outre son style graphique très cartoonesque, c’est surtout son univers atypique qui attirait le regard… Et pour cause puisque Yaga nous emmène à la découverte du folklore slave. Malgré les apparences, les dialogues sont nombreux. L’histoire du jeu s’intéresse au personnage d’Ivan, un forgeron malchanceux qui va devoir s’aventurer bien au-delà des limites de son monde pour remplir une mission qui lui a été confiée par le tsar en personne. Depuis qu’il a perdu son bras, dévoré par une sorcière, le forgeron est victime de malchance. Il croise toutefois le chemin de Baba Yaga, un personnage populaire de la culture russe, qui va l’aider dans son périple. Avec son style graphique unique – inspiré des bandes-dessinées – et son univers atypique, Yaga avait plus d’une corde à son arc pour séduire les joueurs, et il faut bien reconnaître que le charme opère dès la première partie. Le jeu de Breadcrumbs Interactive surprend au niveau de sa narration, avec des dialogues nombreux qui font preuve d’une réelle qualité d’écriture. Le joueur n’est pas passif puisqu’il devra régulièrement choisir quelle direction donnée au dialogue, en optant pour une réponse plus agressive par exemple, qui lui permettra peut-être de récupérer quelques pièces d’or en faisant jouer son charme naturel, ou en se montrant plus vertueux, quitte à passer à côté de belles opportunités. Ce qui est intéressant dans Yaga, c’est que les dialogues influencent le scénario. Le joueur découvrira à l’issue de l’aventure l’une des 5 fins possibles du jeu. L’expérience de jeu variera également fortement en fonction de l’attitude du joueur. L’univers du jeu est très dépaysant. Lorgnant du côté des Diablo-like, mais aussi des Rogue-lite et des jeux d’aventure, Yaga est un titre au gameplay unique qui se caractérise surtout par sa vue centrée sur le personnage. Efficace, le gameplay n’en reste pas moins très simple, puisque basé sur le matraquage de boutons et l’esquive (ici, la roulade). On reprochera au jeu de ne pas proposer des affrontements plus techniques et une vue plus dynamique. Si les combats sont nombreux, ils restent en retrait par rapport au reste de l’expérience de jeu. L’exploration des niveaux est en revanche un véritable délice. On notera au passage que la tâche du joueur n’est pas simplifiée à l’extrême ici avec de grosses flèches indiquant où se rendre. Le joueur devra découvrir par lui même où il doit se rendre en suivant les indications qui lui sont données. Et ça, ça a son charme. Yaga se distingue des autres rogue-lite par son accessibilité mais également ses petites features inédites. Comme nous l’avons dit plus tôt, Ivan est victime de malchance, qui se caractérise par une jauge qui se remplit selon les choix du joueur et l’utilisation d’items. De façon régulière, Ivan perdra les améliorations apportées à son marteau et quelques pièces de monnaie. Le système est amusant et pas forcément trop punitif, ce qui est plutôt positif. Autre feature sympathique : la possibilité d’améliorer son arsenal selon les désirs. Ivan étant forgeron, il peut améliorer lui-même ses armes dans son campement, à l’aide des matériaux récupérés dans son périple. Le joueur pourra également créer des prothèses qui permettront à Ivan d’accéder à des environnements qui lui étaient préalablement inaccessibles. Le concept est encore une fois très sympathique, même si sous-exploité. Les combats sont nombreux. Avant chaque quête, le joueur pourra également choisir le moment de la journée auquel l’aventure se déroulera – ceci impactera lourdement son déroulement, tant au niveau de la malchance que de l’agressivité des ennemis rencontrés. Breadcrumbs Interactive n’hésite donc pas à faire preuve de beaucoup d’originalité pour son jeu d’aventure. Un choix audacieux qui confère à Yaga une identité véritablement unique. Graphiquement, le jeu est également superbe avec ses décors en 2D, ses environnements colorés et ses superbes animations. Malgré un tout petit budget, le studio roumain est parvenu à faire de très jolies choses. Côté bande sonore en revanche, le constat est plus mitigé. D’un côté, on apprécie la qualité des doublages – dignes d’une grosse production -, et des bruitages. De l’autre, on regrette quelques choix surprenants au niveau de la bande son avec des musiques pas toujours en accord avec le folklore slave. Globalement, difficile d’être déçu par un jeu qui est certes assez court – il ne vous faudra pas plus de 6 ou 7h pour boucler l’aventure – et certes un peu cher – il faudra tout de même débourser 25€ -, mais qui offre une expérience de jeu atypique dans un univers coloré plein de charme. Conclusion Avec son scénario riche, ses dialogues passionnants, ses décors colorés et son univers atypique, Yaga se présente comme une véritable bouffée d’air frais en cette période hivernale. Le jeu de Breadcrumbs Interactive parvient à séduire le joueur avec sa direction artistique inspirée et ses personnages attachants. Il nous fait également découvrir une partie du folklore slave, souvent méconnu sous nos contrées. Agréable à parcourir, ce mélange improbable de rogue-lite et de Diablo-like sait également faire preuve d’originalité avec son système de malchance. On lui reprochera toutefois une durée de vie relativement courte (6 à 7h) et un prix peut-être un peu trop élevé (25€ tout de même).