Test – Medievil : un remake délicieusement nostalgique

Vingt longues années ont passé depuis la sortie de Medievil, premier du nom. Cédant à la tentation des remakes, Sony a redonné vie à ce titre culte des années 90. Cette résurrection valait-elle le coup de tirer le chevalier Sir Fortesque de son repos éternel ?

Pour ce remake, Sony Interactive Entertainment a fait appel au studio californien Other Ocean Emeryville. Une lourde tâche pour ce studio bien que celui-ci ait déjà prouvé ses talents sur des portages d’œuvres bien connues telles que Minecraft ou Mortal Kombat, mais réaliser une refonte d’une œuvre aussi marquante que MediEvil est une tâche à double tranchant. En effet, le titre originalement signé SCE Cambridge Studio a connu un énorme succès à sa sortie dans les années 90 et a marqué l’enfance de beaucoup de joueurs aujourd’hui aguerris. Reprendre et rajeunir un jeu aussi emblématique pour vous attirer les foudres des joueurs nostalgiques si le remake n’est pas à la hauteur des souvenirs des joueurs représentait donc un très gros risque.

Pour remettre MediEvil aux goûts du jour, le studio californien s’est principalement concentré sur les graphismes du jeu. Le scénario de base, les dialogues et le level design ont été conservés tels quel. Malgré les 20 années qui se sont écoulées, l’univers du jeu n’a pas pris une ride. On retrouve ainsi donc notre bon vieux chevalier Daniel Fortesque, réveillé d’entre les morts pour accomplir une importante mission : anéantir une nouvelle fois le sorcier Zarok. Pour cela, Sir Fortesque va devoir traverser une multitude d’endroits sombres et lugubres et repousser les zombies, loups-garous et autres créatures fantastiques pour arriver à atteindre le sorcier.

Le personnage de Sir Fortesque est toujours aussi sympathique.

À première vue, le scénario ne semble pas très original. MediEvil se distingue – encore aujourd’hui – par son univers. En effet, rares sont les jeux vidéo à proposer d’incarner un chevalier-squelette pour affronter des zombies idiots, des créatures de Frankenstein et toute une flopée de monstres du même acabit. Mais c’est surtout le cadre à la fois absurde et lugubre du jeu qui arrive à en faire un titre intéressant. En effet, Sir Fortesque n’a pas vraiment la dégaine du héros ; avec un seul œil et une mâchoire en moins, le chevalier tient un discours incompréhensible. D’ailleurs, pour ce remake, Other Ocean Emeryville a décidé de sous-titrer les prises de parole du chevalier. Les joueurs peuvent ainsi découvrir ce qu’il raconte.

L’humour – et plus particulièrement l’absurde – tient une place importante dans le jeu. Les têtes de dragons – qui servent à introduire des nouvelles salles, lieux et personnages – et d’autres personnages ne se privent pas pour tacler notre héros. Un style qui a été conservé tel quel et qui fonctionne encore en 2019.

À côté de cela, l’univers macabre du jeu vient contrebalancer la légèreté de certaines scènes ; cimetières, manoir hanté, zombie et compagnie.

Une bonne expérience de jeu

Modernisée, l’expérience de jeu est très agréable.

MediEvil 2.0 a tout de même subi une mise à niveau importante au niveau du gameplay. Désormais, les joueurs peuvent jongler avec deux armes durant leur expédition. Le jeu d’action-aventure de type hack’n’slash propose toute une panoplie d’armes d’époque ; épée, couteau à lancer, arbalète, massue, hache, il y en a pour tous les goûts. La possibilité de passer rapidement de l’une à l’autre est un vrai plus puisqu’on peut plus facilement adapter son arme à la situation. Ainsi, le joueur pourra tirer à l’arbalète sur une horde de zombies sans risquer de se faire dévorer et marteler les morts-vivants apparus d’outre-tombe par surprise.

D’ailleurs, si le jeu n’est pas d’une grande difficulté, l’apparition inopinée de monstres et leur grand nombre peuvent rapidement devenir un problème. En effet, si notre héros est déjà mort, sa résurrection ne fait pas de lui un immortel et les potions de santé sont rares. Le jeu propose ainsi une aventure à la fois divertissante, avec des niveaux variés tant dans les décors que sur les difficultés et les objectifs à atteindre, et excitante. D’ailleurs, MediEvil propose de nombreuses énigmes, quêtes annexes et cachettes ce qui enrichit les niveaux. Les joueurs plus aguerris ne pourront s’empêcher de ressentir une certaine nostalgie sur la manière dont ces énigmes sont disséminées dans le jeu.

On pourra tout de même reprocher aux développeurs le manque de prise de risque par rapport à l’oeuvre originale. Ils respectent le jeu vidéo de 1998, mais il aurait peut-être été intéressant d’ajouter du contenu. De façon générale, il est assez surprenant que l’on retrouve seulement le premier volet et pas sa suite. Ici, la vingtaine de niveaux se termine assez rapidement – 5h en ligne droite. La durée de vie du jeu est donc assez courte. Un défaut qui est partiellement pardonné par le prix très doux du jeu, vendu 29,99€ à sa sortie.

Une gestion qui laisse à désirer 

Si on ne peut s’empêcher d’éprouver une certaine nostalgie pour ce jeu et une certaine redécouverte, un aspect assombrit tout de même le tableau ; les déplacements de Sir Fortesque. En effet, il est assez difficile de le contrôler avec justesse tant ce corps squelettique n’en fait parfois qu’à sa tête. Une critique que l’on peut faire de manière générale ; le jeu ne gère pas parfaitement son environnement ce qui peut donner lieu à des situations mortelles. En effet, il arrive que notre cher chevalier se retrouve dans de la lave, malgré que le joueur ait arrêté son mouvement, ou que celui-ci soit touché par un monstre bien qu’il ne soit pas vraiment tout près.

La gestion du personnage est assez périlleuse, même si on est à des années-lumière de la difficulté du jeu original. À d’autres moments, c’est le rapport aux décors qui fait défaut. Ainsi, on se retrouve à sauter pour escalader une colline sans parvenir à atteindre les « marches » de pierre. Il peut s’agir d’un problème de gestion du personnage ou un souci au niveau des décors qui se distinguent mal.

Le point de vue de Dan

La nouvelle caméra permet de voir les ennemis s’approcher.

Comme nous le disions plus haut, le plus gros du travail d’Other Ocean Emeryville s’est concentré sur l’aspect visuel du jeu. Mais le studio a également corrigé un problème de taille au sein du jeu : la caméra. À l’époque, en 1998, les joueurs suivaient l’aventure de Sir Fortesque depuis le dessus, mais pour le remake, le studio a introduit la Camera Dan, une caméra qui permet d’avoir une meilleure vision de ce qu’il se passe dans le jeu. Un ajout qui change considérablement l’expérience de jeu et qui règle – en partie – le manque de liberté au niveau de la caméra. En effet, désormais, le joueur peut contrôler l’angle de la caméra ce qui lui permet de mieux voir venir les ennemis. Cependant, la Camera Dan ne permet pas une rotation à 360° ni dans certains endroits et angles – ce qui est en soi assez incompréhensible pour une production de 2019.

Une refonte graphique complète

Les décors ont gagné en texture et en couleurs.

Visuellement, le Medievil cuvée 2019 s’en sort plutôt bien, sans nous en mettre plein la vue. Les décors arborent des textures, du relief et de la profondeur que le jeu original ne proposait pas. La palette de couleurs a été augmentée et les décors sont beaucoup plus nuancés. On est face à quelque chose de joli et de cohérent, même si le cadre reste lugubre et que certaines couleurs sont parfois un peu trop intenses. On notera également que les niveaux disposent désormais d’arrières-plans.

Pour ce qui de notre cher chevalier Sir Fortesque et les autres personnages, ceux-ci sont beaucoup plus travaillés et détaillés qu’à l’époque. Le résultat est toutefois loin d’être du niveau d’un Spyro, qui a bénéficié d’un beaucoup plus gros travail de modélisation.

L’ambivalence du jeu, mi-lugubre mi-absurde, est parfaitement incarnée par les doublures des personnages. Si les dialogues ont été conservés tels quels, les voix des personnages ont été entièrement refaites. D’ailleurs, le conteur est devenu une conteuse et cette dernière incarne parfaitement ce rôle ; à la fois mystérieuse et inquiétante. Enfin, on retrouve la même ambiance sonore de qualité. Pour ce remake, Other Ocean Emeryville a fait appel à l’Orchestre symphonique de Prague pour reprendre toute l’ambiance musicale du jeu, en s’inspirant des musiques de MediEvil premier du nom. Un point sur lequel le jeu se distinguait déjà à l’époque pour ses musiques médiévales entraînantes, variées et qui collaient parfaitement aux différents niveaux de l’aventure.

Conclusion

Vingt ans après sa sortie, MediEvil revient pour Halloween. Pour ce remake, le studio Other Ocean Emeryville a réalisé une refonte complète au niveau des graphismes du jeu, sans pour autant toucher aux mécanismes du jeu ou à son gameplay. Fidèle à l’extrême au matériau d’origine, ce remake souffre toutefois d’un certain manque d’ambition, tant au niveau de sa réalisation – soignée mais en aucun cas brillante -, que de son gameplay – légèrement modernisé mais qui n’en a pas moins très mal vieilli. La prise en main est beaucoup trop approximative et on ressent de gros problèmes de lisibilité à de nombreux moments. Paradoxalement, seul le premier épisode de la série a eu droit à un remake, Sony ne livrant pas de remake pour MediEvil 2. Sachant que le jeu se termine en moins de 5h en ligne droite, on comprend mieux pourquoi il est vendu sous la barre des 30€. S’il séduira les fans purs et durs du premier volet avec son univers attachant et sa direction artistique, ce remake de MediEvil aura en revanche beaucoup de mal à séduire de nouveaux joueurs, la faute sans doute à un manque d’ambition de la part de Sony.

_
Suivez Geeko sur Facebook, Youtube et Instagram pour ne rien rater de l'actu, des tests et bons plans.

Recevez nos dernières infos directement sur votre WhatsApp en vous abonnant à notre chaine.

MediEvil

Gameplay 6.5/10
Contenu 6.0/10
Graphismes 6.5/10
Bande son 7.5/10
Finition 6.0/10
6.5

On aime :

Fidèle au jeu d'origine

L'humour particulier fait mouche

Un prix doux (29,99€)

On aime moins :

Un gameplay trop imprécis

Une durée de vie beaucoup trop courte (5h en ligne droite)

La gestion de la caméra

Peu de nouveautés pour ce remake

Globalement, un peu trop facile