La série des Mega Man fait son grand retour, Capcom décide de ressortir du placard une de ses séries les plus emblématiques, avec ce nouvel épisode annoncé à l’occasion du 30e anniversaire de la licence. Entre les mains d’une nouvelle équipe de développement, ce nouveau Mega Man est un pari pour Capcom qui souhaite attirer un nouveau public tout en satisfaisant les fans de la première heure. Alors que le concept old-school de la série a été poussé à son paroxysme avec les deux derniers épisodes, Capcom décide de revenir aux sources 8 ans après un dixième opus tout en pixels. Exit les graphismes rétro, un nouveau souffle a été insufflé tout en conservant de nombreux éléments propres à la série. En dehors de quelques scènes d’illustrations, il est donc principalement question d’un rendu en 2.5D, tout est modélisé en 3D mais avec une caméra de côté, ce qui est un choix idéal pour tout jeu de plate-forme à l’ancienne. On sent que l’équipe de développement a voulu soigner l’aspect visuel, avec un design cartoon (cell shading) assez réussi, le titre de Capcom reste correct sans toutefois être fracassant. On regrette cependant que ce même soin n’ait pas été également appliqué aux animations, qui restent assez rigides, avec même un travail parfois inégal d’un personnage à l’autre, ou lors de certains niveaux qui manquent cruellement de vie. Cela s’applique également au personnage que l’on contrôle, le robot Mega Man, qui aurait gagné à être un peu plus vif. Mais c’est un parti pris que l’équipe a voulu conserver afin de respecter l’esprit rétro de la série. Sinon, on retrouve un fonctionnement très classique et très typique des Mega Man avec la possibilité de choisir l’ordre des niveaux, selon le boss que l’on souhaite affronter. On appréciera les différents clins d’œil aux précédents titres, ceci étant d’ailleurs l’excuse pour recycler de nombreuses créatures de l’univers que l’on retrouve dans ce nouvel opus. Dommage cependant que le bestiaire ne soit pas plus varié et plus original, fort heureusement les boss et mini-boss sont suffisamment différents pour proposer une expérience assez variée. Malheureusement, on ne peut pas en dire autant des phases de plates-formes et le titre souffre d’un level design manquant d’ambition, surtout en traversant les huit premiers niveaux. Mega Man 11 fait pâle figure en le comparant à des productions indépendantes inspirées elles-mêmes de la série de Capcom. On regrette également un gameplay avec des contrôles parfois peu précis, bien qu’arrivant assez rarement, il est dommage de se retrouver à devoir recommencer une grande partie d’un niveau à cause d’un saut n’ayant pas été appliqué. Cela peut même en devenir assez frustrant de voir la difficulté s’accroître pour cette même raison et il faudra composer avec. Fort heureusement, la difficulté de ce Mega Man 11 se veut tout de même assez modulable, au-delà du choix offert parmi quatre modes de difficultés, les objets proposés en boutique dépendront de votre manière de jouer. Ainsi, il sera possible de se procurer quelques garde-fous en cas de chutes dans le vide, ou de sauts répétés sur des piques, assurant normalement une mort certaine. Attention toutefois à ne pas trop facilement se lancer dans le mode « Normal » si vous êtes un néophyte, puisqu’il s’agit tout de même d’un Mega Man, qui n’est pas une série connue pour être des plus faciles. Cependant les joueurs les plus aguerris trouveront l’expérience un peu courte, fort heureusement, les développeurs de ce Mega Man 11 ont pensé à ajouter quelques défis afin de pouvoir prolonger la durée de vie du titre. Capcom a voulu s’assurer de proposer une expérience entre tradition et modernité essayant d’être le plus accessibles possible. C’est d’ailleurs une des choses qui a justifié l’ajout de l’une des grosses nouveautés de ce Mega Man 11 avec le Double Gear System. Avec cette nouvelle mécanique, il est possible de bénéficier d’un boost de vitesse ou de puissance dépendant d’une même jauge de surchauffe. Alors que le Speed Gear se veut rapidement être indispensable, en permettant de ralentir le temps, le Power Gear s’avère rapidement devenir anecdotique et être rapidement oublié, sauf dans certains cas de figures. D’ailleurs il est possible de cumuler les deux boosts, mais là aussi il est nécessaire de s’en rappeler et cela s’avère être rarement le cas dans le feu de l’action. Loin d’être une mauvaise idée, ce système aurait mérité un travail plus approfondi. Néanmoins, il laisse toutefois la possibilité aux inconditionnels de la saga, qui auront peut-être du mal à accueillir cette mécanique avec joie, de pouvoir s’en passer en augmentant au passage la difficulté de manière significative. Le titre est totalement traduit en français, ce qui n’est pas un point négligeable pour certains joueurs, ce qui s’avère d’ailleurs assez rare pour un Mega Man. Sinon, le titre bénéficie de doublages et il est possible de pouvoir choisir entre la version anglaise ou la version japonaise, qui s’avère comme d’habitude être un cran au-dessus. Quant aux musiques, on est loin des thèmes emblématiques que les précédents épisodes ont pu laisser comme héritage dans le paysage vidéoludique. On remarque néanmoins une production soignée et des boucles travaillées, mais devenant peu à peu lassante. Il est néanmoins possible d’alterner avec des compositions instrumentales, mais cela ne concerne que les huit premiers niveaux et n’a été qu’uniquement disponible en tant que bonus de précommande. Dommage, car cela est une bonne alternative pour apporter plus de variété dans ces niveaux, pouvant être traversés de nombreuses fois, ce qui est presque une nécessité pour pouvoir remplir son inventaire à sa guise. Conclusion Ce nouveau Mega Man marque un véritable retour aux sources, avec une réalisation soignée et un gameplay purement old-school. On notera cependant un cruel manque d’ambition avec la volonté marquée d’essayer de plaire au plus grand nombre, sans toutefois vouloir perdre les amateurs de la série. Mega Man 11 reste toutefois une expérience assez sympathique, à recommander aux fans de jeux de plates-formes qui n’ont pas peur de la difficulté.