De passage à Seattle, nous avons eu l’opportunité de visiter le « Building 87 », une zone très discrète du campus de Microsoft, où sont conçus les produits les plus emblématiques de la marque américaine. Un complexe placé sous très haute surveillance. Crédit photo : E.F. Placé sous surveillance 24 heures sur 24, le « Building 87 » est souvent décrit comme la « zone 51 » du campus de Redmond. Et pour cause puisque les ingénieurs de Microsoft y travaillent sur des projets révolutionnaires, qui ne verront pourtant pour la plupart jamais le jour. A l’intérieur de cette zone, pas de photos ni de vidéos. Si Microsoft y invite occasionnellement quelques journalistes, la visite est balisée. La majorité des produits qui sont aujourd’hui produits par Microsoft ont étés en grande partie imaginés dans ces locaux, de la Surface Pro au Band 2. Des senseurs aux matériaux de fabrication, en passant par les processus de fabrication, les ingénieurs de Microsoft travaillent sur toutes les étapes du développement d’un produit. Pour illustrer ses propos, notre guide nous montre une petite fiole renfermant un échantillon de « métal liquide », un composant qui sera notamment utilisé à l’avenir pour créer des écrans et des claviers flexibles. Très vite, il enchaîne les présentations, nous présentant un clavier pour tablettes Surface hydrophobe, des écrans transparents et un étrange châssis pour tablette – tactile et surtout sensible à différents niveaux de pression – qui pourrait servir aux développeurs et designers pour créer des modèles en 3D par le simple toucher. « Ici, on boit beaucoup de café » ironise Bill Maes, le directeur du département Prototyping, qui nous emmène vers le laboratoire où Microsoft teste les performances audio de ses produits. « C’est probablement la pièce la plus calme du monde » explique notre guide. Située au cœur du building, dans une chambre totalement à l’épreuve du son, avec des murs d’une épaisseur de plusieurs mètres, ce laboratoire “top-secret” est totalement isolé du monde extérieur. Cette isolation permet aux ingénieurs d’atteindre un niveau sonore de -21 décibels. « C’est pratiquement le son que perçoivent les astronautes dans l’espace » explique Bill Maes, avant de préciser « A partir de – 23 décibels, les scientifiques sont capables d’entendre les molécules se déplacer. » Tout le monde ne supporte pourtant pas l’atmosphère très étrange qui règne dans la pièce. Rapidement, certains journalistes font état de leur désir de quitter la pièce. Microsoft nous ouvre ensuite les portes de son labo « Photos », où les ingénieurs de la firme comparent les performances de la Surface face à d’autres modèles de tablettes en combinant différents types d’éclairages. « Nous testons des milliers de combinaisons différentes » explique un ingénieur de Microsoft, qui passe le plus clair de son temps à placer des appareils dans des chambres noires pour les exposer ensuite à différents éclairages et réaliser plusieurs séries de tests à courte ou longue focale. Microsoft teste les capteurs de plusieurs marques – comme Toshiba ou Sony -, et évaluent ensuite leurs performances pour choisir le capteur qui conviendra le plus pour ses produits. Commence ensuite un long travail d’évaluation avec des testeurs invités par Microsoft, qui devront choisir quels visuels ont le meilleur rendu, afin de peaufiner les réglages du capteur. Crédit photo : E.F. Plus loin, nous découvrons une salle remplie de scanners qui sont utilisés pour modéliser différents modèles de poignets en 3D. Les ingénieurs de Microsoft ont conçu un scanner qui numérise les poignets pour les imprimer ensuite à l’aide d’une imprimante 3D. « Chaque poignet est différent. Créer une montre ou un bracelet qui convient à tous représente donc un énorme challenge. Notre mission est donc de concevoir des produits qui conviennent à la majorité des utilisateurs. » Dans une cabine, qui semble toute droite sortie d’un film de science-fiction, Microsoft scanne les visages de ses employés en utilisant 36 appareils photos professionnels pour tenter de créer des modèles numériques. Là encore, les données recueillies sont utilisées pour créer des produits qui sont agréables à porter au quotidien. Cette technologie a notamment été utilisée pour concevoir le casque Hololens, nous précise-t-on. Pour terminer la visite, Microsoft nous ouvre les portes de son atelier où sont produits les prototypes et maquettes de ses nouveaux produits. On nous explique brièvement que l’équipe en charge du design des nouveaux produits y envoie les plans des futurs modèles de Surface, qui sont ensuite imprimés avant d’être envoyés aux ingénieurs. Les imprimantes utilisées dans ce processus sont forcément beaucoup plus massives que celles que l’on croise dans le commerce, et utilisent, pour l’anecdote, des cartouches qui sont facturées à plusieurs milliers de dollars. L’accès à plusieurs zones du laboratoire nous est interdit, mais nous apercevons durant notre passage plusieurs échantillons de tissus utilisés pour la fabrication des claviers Surface – des centaines de coloris différents, enroulés sur de gigantesques bobines. Non, décidément, rien n’est laissé au hasard.