Racheté il y a moins de trois ans pour la coquette somme de 12,4 milliards de dollars par Google, Motorola est passé cette nuit sous pavillon chinois. Désireux de stopper l’hémorragie, Google s’est séparé de sa division mobile pour un peu moins de 3 milliards de dollars. © AFP Une perte astronomique pour Google Racheté en 2012 par Google, la filiale mobile du géant du Web passe aujourd’hui sous pavillon chinois. Le géant de l’informatique Lenovo, qui s’était illustré en 2005 en rachetant le groupe IBM, poursuit sa formidable ascension. Désireux de conquérir le marché du mobile, le groupe chinois a annoncé hier soir le rachat de Motorola Mobility pour la somme de 2,91 milliards de dollars. Un montant qui devrait être payé seulement partiellement cette année puisque Lenovo payera seulement 660 millions de dollars cash en 2014. Pour s’acquitter de sa dette auprès de Google, Lenovo s’engage à payer plus d’1,5 milliard de dollars au cours des trois prochaines années, et de livrer plus de 750 millions de dollars sous forme d’actions du groupe chinois. Outre l’activité mobile de Motorola, le géant chinois met également la main sur plus de 2.000 brevets du groupe, qui lui permettront de renforcer sa présence sur le marché du mobile. Google, qui avait déjà vendu une division de Motorola pour un peu plus de 2 milliards de dollars, conservera uniquement des brevets destinés à renforcer sa position et à protéger Android de la concurrence sur le plan juridique. Véritable gouffre financier pour Google, Motorola était devenu un poids lourd pour l’entreprise américaine et une cause de friction avec ses principaux partenaires; En constante perte de vitesse, le groupe américain, qui figurait autrefois parmi les leaders sur son marché domestique, représente aujourd’hui moins de 5% de parts de marché outre Atlantique, et moins d’1% du marché européen. Les clés de l’Occident Si Google perd plusieurs milliards de dollars dans la transaction, Lenovo, lui, met la main sur une marque encore très ancrée dans les esprits outre-Atlantique, qui pourrait lui ouvrir les portes du marché occidental. L’objectif est clair : permettre à Lenovo de devenir un acteur majeur du mobile. N°1 des ventes de PC, Lenovo lorgne depuis plusieurs années déjà sur le marché des smartphones. Mais le déploiement de ses terminaux mobiles était semble-t-il trop lent à son goût. Solution miracle pour récupérer l’énorme retard accumulé sur ses concurrents, Motorola représente une formidable porte d’entrée sur les marchés occidentaux. “Lenovo a l’expertise pour faire de Motorola un acteur majeur de l’écosystème Android” a déclaré Larry Page, l’actuel CEO de Google. Le groupe américain, qui marche sur des oeufs, prend un ton rassurant vis-à-vis de ses partenaires. “Cette transaction permettra à Google de dévouer toute son énergie au système Android.” De son côté, Lenovo se félicite de son acquisition, présentant Motorola comme un acteur clé du marché. “L’acquisition d’une marque iconique comme Motorola, de son portfolio de produits innovants et de ses équipes bourrées de talent font de Lenovo un nouveau rival sur le marché des smartphones.” Si la marque “Motorola” et le portfolio de produits du groupe américain devraient effectivement accélérer le développement du groupe chinois, plusieurs analystes rappellent cependant que remettre le groupe américain sur les rails ne sera pas une tâche évidente, même pour un géant comme Lenovo. Jouant presque à armes égales avec BlackBerry, Motorola est passé en l’espace de quelques années du stade d’acteur majeur de l’industrie à celui de véritable challenger. Un défi que l’entreprise chinoise semble pourtant prête à relever. On en parle sur le forum.