En rachetant Motorola Mobility pour 12,5 milliards de dollars, Google pensait réaliser une excellente opération. Bien décidé à mettre son expertise au service d’une entreprise en décalage avec son temps, le géant américain dévoilait en début d’année le Moto X, fruit de l’union sacrée entre le géant du Web et le géant américain du mobile. Six mois plus tard, le constat est sans appel : l’acquisition de Motorola est un cuisant échec. © AFP Deux ans après le rachat de Motorola Mobility par Google, l’entreprise californienne semble condamnée à laisser mourir dans la souffrance une entreprise qui n’est plus que l’ombre d’elle-même. Rachetée pour la somme faramineuse de 12,5 milliards de dollars en août 2011, Motorola Mobility représentait un pari audacieux pour Google, l’entreprise qui a vu naitre Android. Avec cette nouvelle corde à son arc, le géant du Web espérait allier software et hardware pour proposer des smartphones offrant une réelle plus-value. Maitriser la conception matérielle de smartphones ouvrait de nouvelles portes au géant américain, qui espérait faire de Motorola son nouveau porte étendard, une véritable vitrine technologique présentant les dernières innovations de Google directement intégrées à un smartphone. L’échec du Moto X Fruit de l’union de Motorola et de Google, le Moto X était le premier smartphone du fabricant américain sous l’ère Google. L’appareil, qui prenait le nom de code de X Phone, était attendu au tournant par toute une communauté, qui espérait retrouver toutes les qualités de la gamme Nexus dans un smartphone de rêve aux performances de haute volée. Mais c’était sans compter sur l’orgueil de Google. Partant du principe que le public se ruerait en masse sur ce nouveau produit, Google a choisi de revoir à la baisse les performances de son flagship et de le faire entrer en compétition directe avec l’iPhone d’Apple et le Galaxy S4 de Samsung. Unanimement descendu par les critiques pour son prix de vente beaucoup trop élevé et ses caractéristiques de smartphone milieu de gamme, le Moto X a connu un succès plutôt mitigé, puisqu’en l’espace de six mois, Motorola n’est parvenu à écouler que 500.000 terminaux sur le sol américain. Et ce, en épit d’une présence chez les quatre principaux opérateurs du pays… Les ventes du Moto X ont des conséquences immédiates sur les performances du groupe, qui perd des parts de marché importantes au quatrième trimestre et passe derrière Nokia sur sa terre natale. Le géant américain, qui misait sur le Moto X pour se faire une place au soleil sur le marché des smartphones ne peut que constater les dégâts et ramasser les morceaux… Contraint de revoir sa stratégie, Google échafaude alors un nouveau plan. Cette fois, plus question de miser sur le haut de gamme, ni sur le marché domestique. Avec son Moto G, le fabricant tente une approche audacieuse du marché en proposant un smartphone d’entrée de gamme sous la barre des 200€. Le Moto G, dernier espoir? Destiné aux marchés émergents, le Moto G entre en compétition directe avec les autres smartphones d’entrée de gamme de Nokia, Samsung et Sony. L’appareil, qui est comparable au Lumia 510, au Xperia E et au Galaxy Young part cependant avec un sérieux handicap sur ses concurrents. Il affiche un prix presque deux fois supérieurs, pour des caractéristiques quasi-identiques. Vendu entre 135 et 160£ au Royaume-Uni, l’appareil aura probablement de grosses difficultés à faire de l’ombre au Lumia 510, qui affiche un prix de vente de 80£ outre-Manche, et au Galaxy Young, qui est lui disponible à un peu plus de 70£. Une fois encore, le sort semble s’acharner sur le couple maudit. Analystes et médias prédisent déjà des ventes bien en-deçà des objectifs, tandis que les blogueurs s’acharnent sur la stratégie complètement incompréhensible de Google, qui lance sur un marché déjà saturé des appareils techniquement dépassés à des prix défiant la gravité. Heureux sera celui qui pourra prédire quelle issue attend le tandem, qui continue de rouler sur une pente escarpée sans prêter gare aux cris de la foule… On en parle sur le forum.