Le système Android tourne sur 70% des smartphones. Firefox, Samsung et Ubuntu veulent apporter davantage de concurrence. «A cause de Google, les fabricants de téléphones n’ont quasiment plus aucune liberté. La firme leur impose la forme de leurs portables, les composants à l’intérieur… La seule chose qu’ils peuvent décider, c’est la couleur du plastique entourant leurs téléphones!» Au cœur du stand de la Fondation Mozilla, Andreas Gal, responsable des ingénieurs sur mobile, ne mâche pas ses mots contre Google et son système d’exploitation Android – qui équipe aujourd’hui 70% des smartphones au niveau planétaire. Lors du Mobile World Congress, plus grand salon mondial de la téléphonie mobile qui se tient cette semaine à Barcelone, plusieurs concurrents ont émergé face à Google. Dont Firefox OS, le premier système de la Fondation Mozilla, célèbre pour son navigateur web Firefox. MWC 2013 : FireFox OS tournant sur le ZTE Open par CNETFrance Avec 88% de hausses des ventes en un an, surtout grâce au succès de Samsung, Android a vu sa part de marché progresser de 51 à 70%. Pourquoi essayer de le concurrencer? «Les fabricants veulent moins dépendre de Google, poursuit Andreas Gal. Les développeurs d’applications ne veulent plus qu’Apple ou Google leur prennent 30 à 40% de commissions sur leurs logiciels. Et les consommateurs veulent utiliser toutes les applications qu’ils veulent. Rendez-vous compte: Apple interdit certains dictionnaires car ils contiennent le mot sexe!» Mozilla a ainsi présenté Firefox OS, système ouvert entièrement basé sur le Web – mais dont le développement n’est pas encore terminé, vu nos tests. Pour l’heure, le chinois ZTE et le français Alcatel ont annoncé des téléphones. Sony, qui travaille encore exclusivement avec Android, a aussi manifesté son intérêt. Officiellement, aucun fabricant de portables ne critique Google, dont beaucoup dépendent. Mais plusieurs cherchent des alternatives. Dont le leader mondial des smartphones, Samsung, qui a dévoilé mardi soir Tizen, son propre système qui sera lancé avant fin 2013. Le fabricant sud-coréen travaille avec Intel pour son développement. L’opérateur japonais NTT DoCoMo a manifesté son intérêt. L’objectif, pour Samsung, sera d’être moins dépendant de Google pour les mises à jour du système. Cela lui permettra de se rapprocher aussi des opérateurs. «Ces opérateurs ont perdu tout contact avec leurs clients finaux, les fabricants de système d’exploitation s’interposant entre eux, relève Andreas Gal. Avec de nouveaux systèmes, ils pourront vendre directement à leurs clients des services.» Stéphane Richard, directeur d’Orange, a lui aussi plaidé à Barcelone pour davantage de diversité. «Il n’y aura sans doute pas de la place pour tout le monde. Mais nous espérons tous que parmi ces initiatives, au moins une émergera comme un troisième écosystème.» Stéphane Richard a évoqué Android et iOS (Apple) et estimé que Windows n’était pas encore assez bon sur mobile pour être un concurrent sérieux. Un autre système pourrait faire son apparition: Ubuntu, déjà disponible depuis des années sur ordinateur. A Barcelone, des prototypes sont présentés. Une porte-parole assure que des téléphones seront lancés d’ici à la fin de 2013. Et de poursuivre: «Il y a des cycles de 4-5 ans pour les systèmes sur téléphones. La domination sans partage d’Android va désormais certainement s’atténuer.» Anouch Seydtaghia/Le Temps Infographie Le Temps