Facebook est-il misogyne?

Comment fonctionne la modération des contenus indésirables, dans ce cas-ci de contenus illustrant ou exprimant une violence misogyne, sur Facebook. C’est la question soulevée par Laura Bates.

© AFP

Ces dernières années, plusieurs personnes ont vu leur compte Facebook être fermé ou certains contenus qu’elles avaient posté être retirés, lorsqu’il s’agissait de photos illustrant notamment l’allaitement d’un bébé, ou d’illustrations humoristique comme celle d’un cupcake glacé ressemblant à un vagin.

Que le site privé censure ou non certains contenus ne semble ceci dit pas être le problème majeur. Celui-ci s’incarnant plutôt dans les critères sur lesquels se base Facebook pour décider si une publication doit être considérée comme visible ou non.

En effet, il semblerait qu’un nombre important de requêtes afin de supprimer des blagues sur le viol, sous formes d’illustrations ou de « fan pages », aient été adressées au site mais sans succès. Il s’agirait de blagues comme une photo sur laquelle on peut voir une femme attachée et bâillonnée sur un fauteuil, avec une inscription : « Ce n’est pas du viol. Si elle n’avait vraiment pas voulu de ça, elle aurait dit quelque chose » ou une image illustrant la chair d’une fille sur laquelle est taillé en lettres de sang : « Papa m’a baisée et j’ai adoré ça ». On peut également voir circuler des images ironiques à propos de violer un enfant handicapé ou encore, trouver un nombre impressionnant de groupes comme « Ce n’est pas du viol si elles sont mortes et si elles sont vivantes, c’est du sex-surprise », « Les salopes méritent d’avoir leur gorge tranchée », et bien d’autres encore.

Sur le site, dans les « Standards de la communauté Facebook », on peut notamment lire : « Facebook n’accepte pas les discours incitant à la haine mais distingue cependant le sérieux de l’humour… nous ne permettons pas l’attaque d’individus ou de groupes sur la base de leur race, ethnicité, origine nationale, religion, sexe, orientation sexuelle, handicap ou état de santé » ou encore « Nous comprenons que des contenus qui ont un fort impact visuel soient monnaie courante mais nous devons prendre en compte les besoins des communautés diverses. La publication de contenu graphique pour un simple plaisir sadique est interdite ». Or, il paraît évident que les contenus évoqués plus haut, blaguant sur le viol, notamment via le handicap, entrent dans ces catégories… Ou pas. Le problème, le voilà, ces règles laissent place à une importante subjectivité quant à leur interprétation. Certains seront choqués par ceci, d’autres par cela, où se trouve la limite du tolérable ?

Selon un porte-parole de Facebook, des équipes travaillent en permanence dans le monde entier pour assurer le contrôle des contenus : « c’est un contrôle continental et les normes ne sont donc pas les mêmes en fonction des continents sur lesquels on se trouve, c’est aussi culturel. Par exemple en Hollande, une photo d’une mère allaitant son enfant est autorisée mais la vue du téton d’un sein, ne l’est pas ».

Afin de détecter les contenus qui ne sont pas en accord avec les standards du site, il existe deux procédures principales. La première est le signalement par les internautes d’une publication déplaisante. Les équipes de Facebook vérifient alors si, en effet, la publication signalée est à supprimer. « Il est donc certain que l’interprétation de la règle du site concernant un cas signalé et que la décision d’effacer ou no la publication est prise par une équipe de personnes » explique le porte-parole. La deuxième procédure consiste, pour les équipes de contrôle, à vérifier l’algorithme du site. À savoir, repérer les activités étranges comme une personne envoyant trop de « friend request » à une autre personne. « Il existe aussi un système de filtrage de mots considérés comme « à risque ». Par exemple Intifada », continue le porte-parole.

Malgré un nombre impressionnant de règles concernant l’autorisation ou non tel type de contenu sur le site, les différentes possibilités d’interprétation de celles-ci portent donc à confusion quant à la position qu’adopte le réseau social.

Clara du Bled (St.)

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