L’entreprise californienne a présenté son rapport bi-annuel relatif à la transparence en ligne. Les requêtes relatives au contrôle de la vie privée par des institutions publiques ont doublé en un an. Plus surprenant, les pays démocratiques sont les plus demandeurs. Comme tous les six mois, Google publie les chiffres relatifs aux demandes des gouvernements pour accéder aux données privées de ses utilisateurs. Cela concerne autant l’accès aux boites emails « Gmail » que la suppression de vidéos postées sur Youtube. Pour les six premiers mois de 2012, ce ne sont pas moins de 20.938 demandes qui ont été formulées à l’entreprise californienne. Ces requêtes ont fortement augmenté depuis la première publication de ce rapport de transparence en 2009. Entre janvier et juin dernier, les autorités ont fait 1.791 demandes à Google pour retirer quelques 17.746 contenus. C’est près du double, pour la même période en 2011 (949). « Les demandes sont clairement en augmentation », constate Bill Echikson, responsable Communication & Public Affairs chez Google Europe, lors d’une conférence organisée par l’IHECS. « Les gouvernements veulent de plus en plus contrôler les citoyens au point que les requêtes ont presque doublé en 2 ans. Et ce ne sont pas les pays auxquels on pourrait directement penser qui sont les plus demandeurs. Dans le top 5, on retrouve les USA, l’Allemagne et la France qui défendent pourtant la liberté d’expression ». Censure européenne Si les Etats-Unis caracolent en tête des demandes d’intrusions dans la vie privée et de limitation de la liberté d’expression, l’Europe ne peut se targuer d’être plus libérale. Cinq pays européens se classent ainsi dans le top 10 (l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et l’Italie). Les trois principales raisons citées par les gouvernements pour la suppression de contenus sont la diffamation, la vie privée et la sécurité. Pour procéder au retrait, il faut réaliser une demande écrite et être appuyé par un ordre juridique valable. A ce sujet, Google souligne qu’il reçoit aussi un certain nombre de documents juridiques falsifiés. Les libertés en danger Par l’entremise de Bill Echikson qui est aussi en charge du département relatif à la liberté d’expression, Google tire la sonnette d’alarme face à la menace grandissante d’une réduction de cette liberté fondamentale. « Il y a 10 ans, les gouvernements ne s’intéressaient et/ou ne comprenaient pas Internet. Ils ne se rendaient pas compte qu’il s’agissait d’un outil puissant. Quotidiennement, dans 30 pays, l’un de nos services est bloqué. Il peut s’agir de Maps, Youtube, Search… », explique-t-il. « Ces six derniers mois, nous avons reçu 20.939 demandes d’accès à 34.614 comptes privés de la part de différents gouvernements », rappelle-t-il. Le responsable « Communication & Public Affairs chez Google Europe », estime aussi que la Belgique pourrait être plus pro-active sur le respect des libertés sur Internet. « Il a clairement une absence de débat sur le sujet, tant du côté des politiques que dans la société civile », dit-il. L’appel va-t-il être entendu ? Aurore PEIGNOIS