De passage au KIKK Festival pour présenter Google Creative Lab, Steve Vranakis, directeur créatif chez Google, a discuté avec nous de l’évolution du net et de sa vision d’artiste sur la toile. Un entretien enrichissant qui nous a ouvert les portes de l’envers du décor. © Etienne Froment Geeko – Pourriez-vous vous présenter en quelques mots? Steve Vranakis – J’ai une carrière plutôt mixte. J’ai travaillé dans des agences de design, des agences spécialisées dans le digital, mais je pense que le job le plus important de ma carrière a été à Vancouver, où j’ai contribué au lancement de l’un des premiers fournisseurs d’accès à Internet au monde. Ce travail m’a permis de m’intéresser à l’Internet. J’étais jeune, motivé par les options de ma carrière et à ce moment, Internet n’existait pas encore commercialement. J’ai appris tout ce que j’ai pu du Web dans des livres. Et ensuite, je suis tombé amoureux du Web. Je me souviens la première fois que je me suis connecté au net, j’ai trouvé ça incroyable. J’étais sur cette plate-forme et chaque personne dans le monde pouvait se connecter à une autre personne. Cette notion d’égalité sur la toile, l’absence de jugement, m’a beaucoup plu. J’ai trouvé ça vraiment cool. Après j’ai toujours été “le gars du digital”. Dans chaque agence où j’ai travaillé, j’étais ce gars du digital, et je suis heureux d’avoir été cet homme aujourd’hui parce que je pense que c’est ce que j’aime. Geeko – D’où viennent toutes les idées qu’on retrouve dans le Google Experiment Lab? Steve Vranakis – Les idées viennent de l’association de plusieurs passionnés : des designers, des créatifs. Ils proposent leurs idées sans crainte et on essaye de voir comment les implanter. Nous sommes approximativement dix dans l’équipe. Nous ne sommes pas vraiment dans l’optique de faire la promotion de notre département, nous sommes juste très fiers de notre collaboration. Il est possible d’accomplir ce genre de projet uniquement lorsqu’on dispose d’une équipe avec une telle mentalité. Geeko – Cela fait-il partie de la philosophie Google? Steve Vranakis – Tout à fait. Nous sommes ouverts. Nous n’avons pas besoin de suivre une ligne directrice dans la création de nouvelles idées. Quelques idées viennent directement de l’univers des technologies. Nous devons imaginez comment leur donner la vie de manière créative. Parfois, nous venons avec des idées créatives et tentons de découvrir comment les concrétiser grâce à l’utilisation des technologies. Geeko – A quoi peut-on s’attendre du Web d’ici quelques années? Steve Vranakis – Il y a quelques années, en 1993, lorsque j’ai commencé à travailler, nous avions besoin d’une machine très rapide. Cela coutait des milliers d’euros pour avoir une telle machine. Nous avions aussi besoin d’une excellente connexion, mais aussi d’un browser, de tous les plugins… Je pense que l’expérience ne fait que s’améliorer grâce à la rapidité acquise par les nouveaux processeurs, et aux nouvelles technologies. J’aime ce qui nous attend. Aujourd’hui, on a besoin d’un ordinateur et d’une connexion Internet performante. Même le disque dur devient obsolète. Geeko – Diriez-vous que le browser cannibalise petit à petit l’utilisation du bureau? Steve Vranakis – Lorsque je regarde Chrome, c’est en effet ce à quoi je pense. C’est vraiment incroyable, tout est accessible depuis le Web. Avant, je sauvegardais mes données sur le bureau. Maintenant tout est dans le cloud. C’est étrange. Mais je pense que ça parait étrange uniquement aux gens qui n’ont jamais utilisé ces fonctionnalités auparavant. Si vous avez le choix entre travailler sur un dossier en ligne avec d’autres personnes en temps réel et travailler sur un dossier sauvegardé sur votre disque dur que vous devez sauvegarder, envoyer à vos collègues, je pense que c’est incroyable. Le fait que l’on puisse accéder depuis n’importe où à ses propres informations, grâce au cloud, est aussi une évolution majeure. On en parle sur le forum.