Le TedxBrussels, grande messe annuelle des amateurs de nouvelles technologies, a été l’occasion de découvrir un débat animé sur le traitement des données par les réseaux sociaux et les multinationales. En plein coeur de la tourmente, Facebook et Google ont été balayés par des arguments de choc de plusieurs esprits créatifs et innovants. © Etienne Froment Les invités de cette édition 2012 du TedxBrussels n’y auront décidément pas été de main morte avec les réseaux sociaux et multinationales, taclant à plusieurs reprises Mark Zuckerberg, Google et Microsoft. “Nous sommes en train de devenir des données” a affirmé Andrew Keen, un entrepreneur anglais de renommée internationale qui est également auteur de plusieurs ouvrages sur les réseaux sociaux et sur le net en général, avant de renchérir “Nous avons vécu dans des villages, nous vivons dans des villes, et bientôt nous vivrons sur Internet uniquement.” Pour Andrew Keen, le monde entier est passé au numérique. Les données régissent notre existence. Même “ce que nous pensons est déterminé par des données“, disponibles sur la toile. Données qui sont collectées avec notre accord, puis vendues par les réseaux sociaux et les sites Internet à notre insu. Une situation délicate dont la plupart des internautes ne sont même pas au courant. “Le monde est défini par le voyeurisme” “Au fil des années, nous avons remplacé notre réseau par notre réseau social” explique ce spécialiste de l’Internet. “Tout devient social. Notre vie privée devient publique et le monde est désormais défini par le voyeurisme.” Sans que nous le comprenions, nous sommes devenus des rouages de cette énorme machine, qui expose nos vies au grand jour et nous emprisonne dans une visibilité devenue effrayante. Pour Andrew, le schéma actuel ne fonctionne pas. Et ce même si les connaissances à notre disposition ont été multipliées par mille grâce à l’Internet. Souvent, ces données sont incorrectes, voire même erronées. On pense à Wikipedia, aux fausses rumeurs sur les réseaux sociaux, aux hoax colportés sur le Web. En cause? La gratuité du net. Andrew accuse le modèle d’obliger des sociétés comme Facebook de vendre les données de ses utilisateurs pour générer des revenus. Un modèle vicieux, basé sur l’accès gratuit à tous les types de données qui tend à nous rendre responsables de notre propre condition. Alexander Asseily, CEO de Jawbone, a également évoqué la question des données durant sa conférence, soulignant que l’être humain est devenu un “ordinateur qui télécharge des donnée d’autres ordinateurs.” Depuis quelques années seulement, l’être humain prend conscience de la puissance des nouvelles technologies et réalise que celles-ci peuvent à la fois aider l’humanité à évoluer et la faire régresser. Selon lui, il est important de prendre la bonne direction, celle de l’être humain, celle que même Steve Wozniak, co-fondateur d’Apple, a évoqué dans ses conférences, car “l‘être humain reste supérieur à la machine, et doit passer avant tout.” Loin des stéréotypes des geeks formatés à la génération Apple et Windows, les orateurs du TedxBrussels n’ont pas eu peur de discuter des tenants et aboutissants de cette lutte entre les deux côtés de la force. Une lutte sans merci entre ces multinationales qui freinent la créativité pour gonfler leurs résultats financiers et les esprits innovants, qui tentent d’apporter des solutions aux problèmes du monde tout en n’ayant pas les moyens d’y parvenir. Et si Andrew Keen nous affirme qu’à la fin de cette route une chute de plusieurs étages nous attend, d’autres orateurs rassurent ; “l’être humain commence à s’éveiller à l’importance des technologies et de la communication comme medium.” Le meilleur est peut-être encore à venir… Le message, lui, était clair et limpide. On en parle sur le forum.