Alors que Twitter vient de passer la barre du million d’utilisateurs en Belgique, un constat surprend : les plus jeunes boudent le réseau social aux 140 caractères. © DR Les ados sont nés avec le web et le connaissent souvent mieux que leurs ainés. Ils sont généralement les premiers à sauter sur ses nouveautés. Et pourtant les statistiques de Digital Surgeons, datant de 2010, parlent d’elles-même. Alors que sur Facebook, les 13 – 17 ans représentent 11% des membres, ils ne sont que 4% sur Twitter. Cette tendance s’inverse après 25 ans; les majeurs sont proportionnellement plus nombreux sur Twitter que Facebook. Alors pourquoi les ados que l’on croirait premiers consommateurs de réseaux sociaux rechignent-ils à utiliser Twitter ? Un réseau social plus difficile à comprendre par les ados. Toutes les théories circulent. Tout d’abord, Twitter est arrivé sur la toile après Facebook. Le réseau de Mark Zuckerberg avait déjà été adopté par les ados et s’ils ne se sont pas tournés vers Twitter, c’est probablement parce que Twitter n’apporte rien de plus que Facebook. En effet, Twitter permet à chacun de mettre à jour son statut, mais c’est tout. Malgré que ce soit l’essence même de la plateforme, force est de constater que Facebook offre un panel de possibilités bien plus étendu, allant de la conversation instantanée au partage de photo en passant par l’organisation d’événements. De plus, une thèse parfois reprise sur Internet suggère que les ados n’aient rien à dire. Ils seraient centrés exclusivement sur leur cercle d’amis et comme Twitter n’est pas centré sur les relations de personne à personne se connaissant dans la « vraie vie », les ados ne trouveraient simplement rien à faire sur ce site. La limite de 140 caractères dérange. Outre ces considérations sociologiques, Twitter permet de rédiger des statuts de maximum 140 caractères. Le fait d’être limité dans son expression peut être un frein à l’adhésion au service. Dans le même ordre d’idée, Twitter possède son propre écosystème. Qu’il s’agisse des #hashtags ou des @mentions, au premier coup d’oeil, l’interface n’est pas attractive pour l’utilisateur lambda. Un facteur propre à certains pays, dont la France et la Belgique, est l’impossibilité de « tweeter » par SMS. Il y a fort à parier que dès que Twitter lancera son numéro chez nous, les jeunes seront plus enclins à adopter un réseau social qui leur permet de mettre leur statut à jour en permanence par un biais qu’il connaissent et maîtrisent parfaitement. Nous avons interrogé quelques ados afin de nous faire une idée de leurs sentiments à l’endroit de Twitter et son grand frère Facebook. Nous nous sommes particulièrement attaché à questionner les jeunes étant inscrits sur Twitter mais n’utilisant pas le réseau social régulièrement, afin d’avoir des avis objectifs sur la question. “S’ils ont rejoint Twitter, c’est souvent pour suivre les actualités d’un artiste « car ceux-ci [les artistes] sont plus connectés sur Twitter que sur Facebook, il y a plus de chances d’avoir des contacts plus ou moins directs avec eux » nous confie Marie, 17 ans. Pourquoi Twitter ne les a pas convaincu ? « Le principe de Facebook est, je pense, plus facile à comprendre pour des jeunes de 12 ans que celui de Twitter. Cette tranche d’âge étant inscrite sur Facebook considère peut-être qu’il est suffisant d’être inscrit sur l’un des deux plutôt que sur les deux réseaux » continue Marie. Wivine, 17 ans également, souligne quant à elle que les tweets sont publics par défaut : « Cela donne une impression de non-contrôle. Sur Facebook, nous pouvons accepter ou refuser les gens. » Les ados sont donc peu nombreux et peu actifs sur Twitter. Voici ce que nous répond Pierre, 16 ans, utilisateur régulier de Twitter quand on lui demande quel usage il fait du site de micro-blogging. « J’écris ce qui me passe par la tête. Sur Facebook, tout post doit refléter notre personnalité, être parfaitement soigné (…) Sur Twitter, c’est beaucoup plus naturel (…) » La pression sociale serait donc moindre sur Twitter. Il est vrai que dans la société de consommation, faire comme les autres est souvent plus facile. L’effet de groupe joue probablement sur l’adhésion des ados à Twitter et aux autres réseaux sociaux que Facebook en général. Si le cercle proche n’y est pas, il n’y a pas de raison d’y aller non plus. Selon Pierre, la mécanique propre à Twitter est aussi la raison de son délaissement par les ados. « Sur Twitter, si l’on ne poste pas de contenu, on interagit pas forcément avec les autres. Sur Facebook, pour peu que l’on ait un compte, et des amis, il y aura toujours quelqu’un pour poster sur notre mur, nous parler en chat privé [discussion instantanée], etc… Ainsi, sur Facebook on n’est pas obligé de poster du contenu pour alimenter notre timeline. On peut compter sur les autres. Un ado n’est pas un posteur « régulier » : il y a des périodes avec et des périodes sans. S’il est sur Twitter, une période sans peut définitivement lui faire quitter Twitter » A quoi peut-on s’attendre pour le futur de Twitter ? Difficile à dire tant la toile évolue rapidement. Ce qui est sûr, c’est que les médias et les politiques ont bien compris son intérêt. Alors que les chaines de télévisions, RTBF en tête avec « The Voice » et « Comme un chef », enjoignent leurs téléspectateurs à « Rejoindre la conversation » sur Twitter, les politiques français lancent et commentent la campagne présidentielle sur Twitter, Nicolas Sarkozy en tête. Réagissez sur le forum.