Ce mardi, les grands noms de l’internet (Google, Facebook et Microsoft notamment) ainsi que les représentants de quelque 60 pays se sont retrouvés à Londres pour réfléchir ensemble aux immenses défis posés par la Toile, tant au niveau des avancées économiques et démocratiques que du cyber-terrorisme. Parmi eux, le cofondateur de Wikipédia, Jimmy Wales, ou encore le vice-président de la société de télécommunications chinoise Huawei, Hillary Clinton ayant dû annuler sa venue à cause du décès de sa mère. David Cameron, Premier ministre britannique: "Nous devons trouver un équilibre!" Après cette rencontre, il a été conclu qu’il fallait défendre la liberté d’expression sur le Web tout en “trouvant un équilibre. Nous ne pouvons pas laisser le web grand ouvert aux criminels et terroristes qui menacent notre sécurité et notre prospérité“, a souligné le Premier ministre David Cameron. En effet, selon ses estimations, le coût de la criminalité sur le net s’élèverait à 1.000 milliards de dollars globalement, et 27 milliards de livres par an pour le seul Royaume-Uni. Pour le Premier ministre britannique, le problème vient non seulement des numéros de carte bancaire sur la Toile, mais aussi “des tentatives à l’échelle industrielle pour voler des informations qui intéressent aussi bien des entreprises commerciales que des États“. Ce qui n’est, selon lui, pas acceptable. Même s’il n’a cité nommément aucun État, lundi, sa conseillère pour la sécurité sur internet, Pauline Neville-Jones, avait estimé que Pékin et Moscou “faisaient certainement partie” des “acteurs majeurs” dans ce domaine. Mise en garde contre la restriction des libertés Le ministre des Affaires étrangères William Hague avait, en ouverture de la conférence, mis en garde contre les restrictions de la liberté des internautes. “Nous devons aspirer à un avenir où l’Internet ne sera pas étouffé par le contrôle des États et la censure, mais où l’innovation et la compétition prospèrent et où l’investissement et l’esprit d’initiative sont récompensés”, avait-il souligné. Le vice-président américain Joe Biden, s’exprimant par vidéoconférence, a renchéri, mettant en garde “les pays qui essaient à la fois d’avoir un internet fermé à la liberté d’expression mais ouvert aux affaires“. On se rappelle en effet très bien comment les réseaux sociaux, tels que Facebook et Twitter, avaient été un des vecteurs du “printemps arabe”. Pendant les troubles cet été au Royaume-Uni, les émeutiers avaient également fait un usage intensif des réseaux sociaux et de la messagerie cryptée des téléphones portables Blackberry. Le Premier ministre britannique David Cameron avait alors évoqué la possibilité de suspendre leur utilisation, lorsqu’ils sont employés à des fins criminelles. William Echikson, responsable de la liberté d’expression chez Google pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du nord, a fait remarquer à juste titre que les restrictions en matière de liberté d’expression n’étaient pas l’apanage des seuls pays non démocratiques. La liberté d’expression “est menacée bien plus près de nous en Europe. Plus de 60 pays imposent des contrôles sur le net, contre seulement deux il y a dix ans“, a-t-il noté. Le Royaume-Uni espère déboucher sur des règles de base, y compris sur l’accès universel à la Toile et le recours à des actions “proportionnées” de la part des gouvernements. William Hague a annoncé qu’une conférence de suivi se tiendrait en Hongrie en 2012, puis en Corée du Sud en 2013. Gaëlle Moury (St.) d’après l’AFP