Le site « DearPhotograph » a été créé par un Canadien de 21 ans. C’est devenu un phénomène. Tout le monde veut y poster sa photo de jadis cachée dans le décor d’aujourd’hui. La puissance de la nostalgie. C’est une idée banale. Elle fait un tabac. Le site internet bâti sur cette idée a été créé en mai de cette année. Près de trois mois plus tard, il a été visité quatre millions de fois. Et tout le monde veut y poster sa propre photo. Recette ? Vous retrouvez une photo du passé. Votre enfance, votre jeunesse, vos moments heureux… Vous la prenez en main et vous la photographiez sur les lieux mêmes où elle a été prise, jadis. Résultat ? Une bouffée de nostalgie, un serrement de cœur, une émotion vis-à-vis de ces instants enfuis. Mais aussi un arc tendu vers ce passé, comme s’il revivait soudain. « Certaines choses ne changent jamais », explique Mikaela Gallagher en postant sa photo (la nº 1) sur le site. C’est sans doute cela qui explique le succès du site Dearphotograph. « J’étais avec mes parents et mes frères autour de la table de cuisine, raconte Taylor Jones, le Canadien de 21 ans qui a créé ce site, dans le Sunday Mirror. On regardait un vieil album de photos. Et j’en ai vu une de mon frère Langdon qui avait alors 3 ans, et il en a 18 aujourd’hui, assis à la table. Il se tenait exactement à la même place. Je me suis dit que je devais prendre une photo de cela. » Taylor photographia le cliché d’hier dans l’environnement actuel de la cuisine, puis fit de même avec quatre ou cinq autres. Et les envoya à quelques amis. Qui apprécièrent beaucoup. Alors il acheta un nom de domaine et posta certaines de ses images où le passé se juxtapose au présent. Ce fut la ruée. En trois semaines, 1,2 million de visiteurs. Aujourd’hui, 4 millions. C’est fou. « C’est fou, en effet, réagit Taylor Jones, de voir qu’une simple idée devient quelque chose qui a un tel impact émotionnel sur les gens. » Du coup, des photos arrivent de partout. Vous pouvez les voir sur le site. Elles sont accompagnées d’une phrase, souvent pleine de tendresse. Des messages affluent aussi sur Facebook ou Twitter. Genre : « Je n’ai jamais vu un blog photo qui m’a fait monter les larmes aux yeux comme celui-ci ». Ou : « J’adore. C’est à la fois cool et ça brise le cœur. » Taylor Jones croule un peu sous les envois mais se tient à un principe : il n’ajoute sur son site qu’une seule nouvelle photo par jour, pas davantage. Une photo qui parle, évidemment. « C’est plein d’émotion, de nostalgie, dit Taylor. Ça parle de famille et d’amour. C’est souvent poignant et intense. » www.dearphotograph.com JEAN-CLAUDE VANTROYEN