L’INTERVIEW:”Une alternative communautaire au fast food”

Quoi de mieux que la période de Noël pour vous présenter Super Marmite, une jeune startup française, qui vous offre la possibilité de rentabiliser les surplus de vos festins du réveillons ou de vos petits plats mitonnés en semaine ?

Récompensé comme startup la plus originale à la Conférence LeWeb, Super Marmite propose deux services à ses membres: il permet au cordon bleu qui cuisine un peu trop de mettre en vente les parts non dévorées. Et dans le même temps, il donne à ses membres la possibilité de se restaurer avec un plat “cuisiné maison”. “Une vraie alternative au fast-food”, nous explique Olivier Desmoulin, à l’origine du concept. A l’occasion des fêtes de fin d’année, Geeko a voulu en savoir plus sur cette étonnante startup… Entretien

Tout d’abord, félicitations pour votre prix ! Comment vous est venue l’idée de ce concept, élu “le plus original” ?
L’idée est venue d’un besoin: trouver une alternative au fast-food et aux plats tout-préparés. Un soir, je rentrais du boulot assez tard, j’avais faim et je savais que le frigo était vide – comme souvent… J’ai eu envie d’autres choses que toujours les même hamburgers ou kebabs. J’avais envie de manger quelque chose de plus sain, de plus “personnel”. Comme je travaillais dans le web depuis pas mal de temps, j’ai décidé de créer un réseau social pour répondre à ce besoin.

Un réseau social géolocalisé orienté gastronomie, ça ne risque pas de rebuter l’internaute non-averti ? Quel est le public que vous visez ?
C’est une bonne solution à la fois pour les gens qui cherchent une alternative, comme je le disais, et pour ceux qui aiment cuisiner et partager leurs petits plats. Ce qu’on amène, c’est qu’on permet de trouver des plats qui sont fait avec amour, qui sont fait par des “vraies personnes” qu’on va rencontrer, avec qui on va pouvoir échanger. Il y a aussi ce côté rencontre, dans le concept de Super-Marmite.
Concrètement, quand un cuisinier fait un repas, il indique une participation aux frais associés à l’achat d’ingrédients. Si j’achète des lasagnes, par exemple, des épinards, de la ricotta, etc; je prévois pour six parts, j’en garde deux; il m’en reste quatre à vendre à la communauté, de manière à récupérer l’argent dépensé dans l’achat. Disons 3 euros la part et, avec 12 euros, on rentre dans nos frais. Les gens décident du prix comme ils veulent, mais il y a une sorte de loi du marché. Si quelqu’un d’autre propose un plat similaire beaucoup moins cher, je ne vais jamais vendre une part – sans compter qu’il y a aussi des gens qui proposent leurs plats gratuitement, juste pour le plaisir de partager.

Des passionnés de cuisine, c’est le principal public de Super-Marmite?
Oui, notamment. Le site n’est ouvert ouvert au public que depuis fin octobre, notre communauté est encore petite. A l’heure actuelle*, on en est un peu moins de 4.000 inscrits. Et déjà des “habitués” ! On ne connait pas le nombre exact, mais on en voit poster très souvent des plats. Il y a des profils assez différents, mais pour l’instant la communauté se compose principalement de gens qui sont de vrais “mordus” de cuisine. Notamment des bloggueurs: ils ont un site sur lesquels ils parlent de recettes, et désormais, ils ont la possibilité de cuisiner ces plats dont ils parlent et de les proposer à leurs lecteurs. Ils sont d’ailleurs un bon moyen, pour nous, de toucher un plus large public. On développe actuellement des outils spécifiques pour eux, pour qu’ils puissent faire la promotion de leurs plats (proposés sur Super Marmite) sur leur blog.

Ca, c’est pour les cuisiniers. Encore faut-il que quelqu’un achète leurs plats…
Pour les acheteurs, on a plutôt affaire des gens qui vivent seuls, qui sont assez pressés. Ils ont envie de tenter de nouvelles expériences, à la fois dans leurs habitudes gastronomique mais aussi pour l’expérience communautaire et sociale, qui les séduit. Ils ont la possibilité d’évaluer et de commenter ces plats et, pour l’instant, les retours sont souvent positifs. Depuis le début, sur les 900 plats proposés, un peu moins de la moitié ont été commandés (environ 400). C’est un pourcentage important !
Mais c’est pour ça que les “passionnés” sont importants pour nous ! Nous avons déjà des utilisateurs dans toute la France: Paris, Lyon, Bordeaux,… Il y a des gens dans pas mal de villes de France. Maintenant, nous, notre stratégie, ça va être de développer des points de densité. Parce qu’un mec à Marseille et un mec au Havre, ils vont avoir du mal à échanger des plats ! Créer des points de densité, on pourra le faire en s’appuyant sur des acteurs locaux. Ca peut être des startup, des associations, des passionnés, etc. qui sont implantés, ont déjà une communauté, et qui peuvent avoir des leaders de communautés afin de nous aider à faire connaître le service auprès d’un large public.

Dans cette perspective, j’imagine que le prix reçu à la Conférence LeWeb est une aubaine…
En termes d’image, ce n’est pas négligeable, c’est sûr. On est dans une phase de développement, on a des besoins à différents niveaux, comme faire grandir la communauté. Dans ce cadre, la visibilité, c’est toujours bon à prendre. Et puis, on a aussi des besoins pour avancer plus vite, dans cette perspectives, les contacts avec des investisseurs et des fonds, c’est toujours très positif. Et puis au delà de ça, c’est toujours intéressant de rencontrer des gens du même milieu et d’assister à des conférences sur des sujets divers et variés…

Revenons à Super Marmite. Vous ne craigniez pas qu’à toucher un plus large public, certains y voient l’opportunité d’en faire un business ?
S’il y a des gens qui tentent de vivre de ça ou si ça devient un vrai revenu pour certains utilisateurs, on le remarquera assez rapidement. Mais ce sera à eux de s’assurer qu’ils sont bien en règle: l’activité de restauration est soumise à une législation, il faudra qu’ils déclarent tous leurs revenus, qu’ils soient déclarés comme restaurateurs, etc. Ce sera la responsabilité de l’utilisateur…

Super Marmite n’a pas le projet de collaborer avec des restaurateurs, donc ?
C’est pas la finalité du site, non. Mais ça reste un développement possible.
De plus, si c’est un vrai restaurateur, je me demande si nous, on a la capacité de lui apporter des clients suffisamment nombreux par rapport au temps que va demander la gestion de notre outil, pour que cela soit intéressant pour lui. Ce n’est pas du tout évident et personnellement, je suis tenté de croire que non. Un restaurateur “pro” n’aura pas d’intérêt à se lancer la dedans.
Par contre, des “semis pro” ou des gens en passe de devenir restaurateurs pourraient voir dans Super Marmite un bon outil de promotion et une belle façon de se faire connaître – et évaluer, grâce aux critiques et commentaires…

Un petit mot sur vous, pour terminer. Qui se cache derrière Super Marmite ?
Pour Super Marmite, on est trois. Il y a un développeur qui est l’architecte du site; il y a un “community manager” dont le job est d’animer la communauté, de dialoguer avec elle, de répondre aux questions, et d’avoir un feedback des utilisateurs afin de mieux comprendre mieux leurs besoins; et enfin, le dernier – moi -, j’ai conçu le site et aujourd’hui je passe pas mal de temps à essayer de lever des fonds pour pouvoir avancer plus vite dans nos projets !
On a commencé à travailler en mai; mi-septembre on a lancé la beta réservée à quelques utilisateurs avant d’ouvrir le site au public vers la fin octobre. Actuellement, nous ne tirons aucun revenu du site. Il n’y a pas de paiement en ligne, il n’y a pas de pub. Il y a juste un site qui rend un service. Et qu’on tente d’améliorer par améliorations et par petites évolutions, en fonction des retours qu’on a des utilisateurs.
A l’avenir, on mettra en place un système de commission sur la participation des frais aux repas. Si un plat est vendu 5€, Super Marmite pourrait prendre une commission sur cette vente. Ou ne pas en prendre si le cuisinier est abonné. C’est une autre possibilité de revenu sur laquelle on travaille: un système d’abonnement auquel souscrivent les utilisateurs “premium” et qui offrira, en plus, des services additionnels.

Quand pourra-t-on utiliser Super Marmite, chez nous, en Belgique ?
On peut se développer Super Marmite partout où on veut. Du moins techniquement. Bientôt, le site sera accessible en différentes langues (anglais et français d’abord; allemand, espagnol et italien ensuite). Mais attention, il est possible que dans certains pays, il y ait des particularités liées à la législation. Donc pour l’instant, nous nous sommes concentrés sur l’Hexagone, ce n’est vraiment utilisable qu’en France. Pour que ça soit utilisable dans d’autres pays, il faudra peut-être faire des adaptations…**


Propos recueillis par Gil Durand


* L’entretien a été réalisé le 12 décembre.
**On se renseigne à ce sujet, mais notez que concrètement, rien ne vous empêche de proposer ou de commander un plat sur le sol belge, via Super Marmite.

Source des images: oezratty.net, blog.synerghetic.net, fredzone.org, Super Marmite et blog

_
Suivez Geeko sur Facebook, Youtube et Instagram pour ne rien rater de l'actu, des tests et bons plans.

Recevez nos dernières infos directement sur votre WhatsApp en vous abonnant à notre chaine.